"W3, le sourire des pendus" Jérôme Camut et Nathalie Hug
Juillet 2002 : un avocat et sa femme sont sauvagement assassinés ; leurs deux fillettes sont enlevées.
2012 : Lara Mendès, jeune chroniqueuse TV, enquête sur l’évolution des tendances sexuelles des Parisiens et leurs dérives des vingt dernières années. Elle n’aura pas loisir de poursuivre ses investigations. Elle sera rapidement enlevée sur un parking d’autoroute. Lara vivra l’horreur tout au long de sa détention.
Sookie Castel, enquêtrice, découvre par hasard un triple suicide.
Une odeur la heurta aussitôt, une note doucereuse que Sookie connaissait trop bien. Elle déboucha dans un salon plus vaste que son appartement. Un passage voûté desservait l’aile droite de la demeure et, à l’opposé, une porte fermée peinait à stopper l’odeur, plus forte dans cette direction.
La main couverte d’un mouchoir, Sookie abaissa la poignée et poussa lentement le vantail. Ebranlée par la puanteur, elle chancela et referma précipitamment la porte.
Mais elle avait eu le temps de voir.
Trois pendus faisaient face à l’entrée, chacun une chaise renversée à ses pieds. Leurs visages noirâtres étaient gonflés, des vers s’accumulaient dans leur bouche et leurs yeux, et un nuage de mouches bourdonnait tout autour.
L’image des malheureux s’était imprimée dans l’esprit de Sookie. Mais chose inhabituelle, elle ne parvint pas à les faire entrer dans une de ses boîtes.
Pas tout de suite.
Puis une connexion se fit : boîte Nuremberg.
Sookie Castel ne croit pas un seul instant à ce triple suicide et prend l’enquête en main.
Lara Mendès, quant à elle, est une jeune femme indépendante et habituée à mener sa vie comme elle l’entend. Les policiers se refusent, dans un premier temps, à prendre l’affaire au sérieux et sont persuadés qu’il s’agit d’une simple escapade. Mais c’est sans compter sur l’obstination de Valentin, son jeune frère, qu’elle devait aller chercher à la gare le jour de sa disparition et qu’elle n’aurait jamais volontairement laissé seul.
Ma chronique concernant ce roman est en demi-teinte. Les 200 premières pages m’ont paru assez longues et je n’ai pas réussi à adhérer au style. « W3 » représente quand même 169 chapitres et non moins de 751 pages !... Quant à l'écriture, elle ne m'a pas vraiment convaincue. Un roman trop long en ce qui me concerne, une simple enquête policière où quelques rebondissements auraient été les bienvenus. Il faudra attendre les toutes dernières pages pour en trouver un. Qui est, notons le, de taille. Certaines scènes sont assez crues et violentes mais desservies par un style fluide (quoi que trop léger à mon sens). Toutefois, un des points positifs est que le récit s’inscrit dans une construction logique où le lecteur ne perdra jamais le fil de l’histoire.
Pour autant, je ne regrette pas cette lecture, les auteurs mettant en avant des faits de société tels que les dérives journalistiques à la recherche permanente du scoop, l’immersion dans les réseaux de prostitution, les kidnappings de jeunes enfants ainsi que le racisme. Autant de sujets sensibles qu’importants. Un rôle non négligeable sera tenu par Léon Castel, le père de Sookie, le « chien enragé », « l’emmerdeur de service », celui qui se bat en portant aide et assistance aux victimes et qui ne lâche jamais, fort de ses convictions et de sa détermination et bien décidé à défendre l'intérêt des victimes, coûte que coûte.
En résumé, les travers de notre Société passés au crible, ses incohérences à travers la justice, l’injustice et le pouvoir des médias...
Quant aux différents personnages, ils ne manquent pas de charisme et évoluent au fil du récit, une évolution qui sera d’autant plus notable, selon les auteurs, dans les deux prochains ouvrages, celui-ci étant le premier d’une trilogie.
Jérôme Camut et Nathalie Hug sont les auteurs de la tétralogie : Prédation, Stigmate, Instinct et Rémanence. Ils se rencontrent à la fin de l’année 2004 à travers Malhorne de J. Camut, auteur de romans fantastiques. Ils consacrent désormais leur vie à l’écriture à quatre mains.
Les avis étant tous différents, voici quelques chroniques qui vous permettront de vous faire une autre opinion (il semblerait que je sois la seule à émettre quelques réserves) dont deux coups de cœurs.
Editions Télémaque
751 pages
21 €
Prochaine chronique : « Un siècle trop tard » de Stéphane Loiseau
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