06 Jan

"Block 46" Johana Gustawsson

Publié par Les Polars de Marine

Linnéa Blix, nouvelle créatrice de Cartier, est attendue pour présenter sa collection qui célèbrera les 70 ans de la Libération Française. Mais Linnéa manque à l’appel.

Alexis Castells, une écrivaine, part en compagnie de ses amis Alba et Peter à sa recherche en Suède.

Très rapidement, les soupçons et les inquiétudes des trois amis sont confirmés. Le corps de la jeune femme est retrouvé sans vie.

Björn et Bergström reculèrent d’un pas tandis que deux techniciens déplaçaient la barque.
Cette coque malmenée par les embruns et le rude climat rappela au commissaire la coquille de noix qui servait de berceau à la Petite Poucette, dans le conte d’Andersen. Quelle étrange association d’idées, songea-t-il en regardant la barque se soulever comme le couvercle d’une boîte.
Une femme nue gisait dessous. Elle était allongée sur le dos, les bras le long du corps, les jambes serrées l’une contre l’autre.
Bergström s’accroupit à côté du cadavre. On devinait sa peau bleuie par le froid sous la pellicule de givre. Ses cheveux blonds et épais étaient coiffés avec soin et arrangés sur ses épaules. On avait rasé son pubis et gravé un X sur son bras gauche. Ses yeux avaient été arrachés. Les cavités oculaires vices, sombres et démesurément grandes ravageaient son visage fin. Sa gorge avait été tranche verticalement du menton à la fourchette sternale et la peau de cou bâillait comme une veste déboutonnée. La trachée avait été sectionnée.
Le commissaire se releva et sortit de la tente. Il ôta la combinaison et prit son portable. Il fallait rameuter les troupes, et vite ; il avait la sale impression d’avoir ouvert la boîte de Pandore.

Pendant ce temps, à Londres, d’autres corps présentant les mêmes blessures que Linnéa seront retrouvés : trachée sectionnée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras.

Alexis restera à Falkenberg en compagnie du commissaire Bergström et de son équipe et enquêtera sur la mort de son amie.

« Block 46 » est un récit croisé entre l'enquête en Suède afin de découvrir l’assassin de Linnéa et les atrocités du camp de Buchenwald pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Buchenwald, les camps de la mort, de l’horreur, où « les nuits étaient aussi inhumaines que les jours ». Les camps de la honte et de l’humiliation au quotidien. Un pan de l’histoire qui n’aurait jamais dû exister mais que l’on ne peut ni ne doit rayer définitivement de nos esprits, au nom du devoir de mémoire.

Johana Gustawsson, petite-fille de déportée a voulu, par le biais de ce roman, faire en sorte que nous ne puissions jamais occulter toutes ces atrocités. Certaines scènes sont d’une violence extrême et en cela, ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Un roman qualifié de thriller mais qui, à mon sens, n’en est pas un mais plutôt une intrigue policière s’inscrivant dans la tradition des polars Suédois. Un récit où le rythme est assez lent et manque, à mon sens, de « corps ». Une fois de plus, je ne partage pas les nombreux avis très enthousiastes glanés sur le net et j’avoue avoir été quelque peu déçue par la simplicité de la résolution de l’enquête ainsi que par une évidence qui arrive trop tôt. Une centaine de pages suffiront en effet pour comprendre ce qui aurait dû être dévoilé beaucoup plus tard.

Toutefois, il est à noter que ce second ouvrage est de meilleure qualité que « On se retrouvera » co-écrit avec Laetitia Milot. Le style y est plus travaillé et l’intrigue un peu plus soutenue. Un roman que l’on refermera en gardant en mémoire les derniers mots de l’auteure : « Je terminerai en saluant la mémoire des survivants de cet enfer, celle des cinquante-six-mille victimes qui moururent à Buchenwald, ainsi que des millions d’autres femmes, enfants et hommes qui périrent dans les camps nazis. PLUS JAMAIS CA. »

Editions Bragelonne

20 euros

Broché - 329 pages