"Ainsi fut-il" Hervé Sard
Alain Corby, secrétaire particulier
d’un châtelain milliardaire, contacte Luc Mandoline, thanatopracteur de son état, suite au décès du petit fils de son patron. Un décès un peu « particulier » confie le secrétaire.
Ecartelé…
…« Le corps du petit-fils du châtelain, un jeune homme de vingt-neuf ans répondant au nom de Jean-Baptiste de Six-Fours, avait été découvert privé de deux bras et d’une jambe, dans un enclos habituellement réservé aux gambades des percherons du château. »…
Le plus surprenant est que le médecin de famille a conclu à un décès de mort naturelle et que le châtelain ne veut en aucun cas en informer la police.
…« - On ne vous a pas alerté tout de suite lorsque monsieur Viala a découvert le corps ? Surprenant, non ? Vous êtes le médecin, tout de même…
- Il était mort ! Je n’allais pas le ressusciter. Et puis, vous savez, tout le monde était un peu… secoué. Mais vous vous trompez : monsieur de Six-Fours m’a fait appeler très vite. J’ai accouru, vous pensez bien. Et…
- Et vous avez constaté le décès.
- Oui.
- Vous avez constaté le décès et précisé qu’il s’agissait d’une cause naturelle.
- Oui.
- Vous ne manquez pas d’air.
- Non.
Je repris un croissant et tendis ma tasse. Besoin de café. »…
Luc Mandoline devra donc « rendre un aspect présentable au corps » et il lui sera aussi demandé de trouver le responsable de cet acte, non pour venger la mort du défunt que son grand-père détestait ; mais surtout pour éviter que la même chose ne se reproduise au château.
On finirait presque par oublier que l’histoire est effrayante et les détails morbides. L’humour n’est ni déplacé, ni grinçant, parfois cynique. Assez décalé mais jubilatoire si l’on sait apprécier l’humour au second degré. Le tout agrémenté d'une galerie de personnages on ne peut plus originale et déjantée : Corby le secrétaire bègue, Melle Lacaille la gouvernante un peu nymphomane (juste ce qu’il faut), le père Viala jardinier de son état dit Bernardo pour les intimes et sourd comme un pot, un châtelain presque centenaire au caractère bien trempé qui ne s’embarrasse pas de hautes considérations philosophiques et coureur de jupons, les deux catcheuses lesbiennes Clara et Vali,…
Un petit air emprunté dans les discours. Parfois. De l’humour. Souvent. De la dérision. Beaucoup. Un cocktail parfait pour un petit roman à savourer comme il se doit.
L’atelier Mosésu
218 pages
9,95 €
Poche
Interview de Hubert-Louis de Six-Fours sur Livresque du Noir
Du même auteur : Le crépuscule des gueux