'Dans le ventre des mères' Marin Ledun
Dès les premières pages, le ton est donné. Le rythme est saccadé, les phrases sont courtes.
Une femme tente de retrouver sa fille et de s’enfuir. « Elle tend son bras, gagne quelques centimètres et se jette en avant de toutes ses forces, puis elle saisit le poignard par la lame et le retourne d’un mouvement brusque, quand le tueur se jette sur elle et lui bloque le poignet. Un homme entre 40 et 50 ans aux yeux bleus la dévisage avec curiosité. Un homme qu’elle connait.
- Enfin, je te rencontre, dit-il, d’une voix douce.
Ses muscles se détendent d’un coup, ses paupières pèsent des tonnes, une main lui caresse le front avec douceur. Puis l’obscurité se mue en un trou noir sans fond. »
Flash back. Suite à un incendie dans le village de Thines, à quelques kilomètres de la montagne, les sauveteurs exhument un charnier. 87 corps sont retrouvés. Hommes, femmes et enfants. Brûlés vifs, tordus, éviscérés.
Vincent Augey, commandant de police, est chargé de l’enquête. Très rapidement, les enquêteurs découvrent que tous ces corps ont subi des modifications génétiques. Une seule rescapée : Laure Dahan. Miraculée. « Objectif numéro un : retourner à Thines. Mort au nom de ses idéaux. Mort pour elle. En vain. Numéro deux : retrouver Peter et le tuer. Elle n’éprouve aucun remord. Elle est dans le camp des bourreaux et des sorciers. Des victimes et des cobayes. Le venin et le vaccin, le rat de laboratoire et l’antidote. Elle est tout cela à la fois. Trois : s’assurer que le virus est mort. »
Laure devient dangereuse. Elle n’hésite pas à éliminer tous ceux à qui elle a des raisons d’en vouloir et poursuit ainsi son chemin et sa folie meurtrière sans que rien ni personne ne parvienne à l’arrêter. Mais qui est cette femme et que cherche-t-elle ? Une course poursuite s’engage avec Vincent Augey. Un homme torturé. Torturé par un drame familial dont les conséquences se répètent inlassablement sur son quotidien. Un étonnant contraste pour cet homme qui, dans la vie professionnelle est imperturbable, volontaire et on ne peut plus déterminé. Si fragile face à sa femme à qui il ne parvient pas à dire ce qu’il ressent.
L’affaire va, par la suite, prendre un autre tournant et être confiée à l’armée, au grand dam de Vincent. Hanté par ses démons, il devra choisir son camp. Quant à Laure, elle se sait contaminée par le virus qui la ronge de plus en plus. Elle n’a plus qu’une obsession : retrouver sa fille et faire payer ceux qui l’ont condamnée. Sociétés fantômes, usurpations d’identité, l’enquête s’annonce plus que délicate et difficile.
Manipulations génétiques, cobayes humains, l’intrigue est originale. L’action ne manque pas. Toutefois, j’ai regretté que le final soit sans surprise. Je ne le classerai donc pas dans la catégorie des thrillers. Marin Ledun est un auteur que j’avais découvert avec la lecture des ‘visages écrasés’, un excellent roman noir dont je vous recommande vivement la lecture.
‘Dans le ventre des mères’ sortira le 29 Septembre prochain aux Editions Ombres Noires. Une mention particulière à la couverture. Très réussie et accrocheuse.
463 pages
18,90 euros
Qui êtes-vous ?
Marin Ledun, romancier.
Votre trait principal de caractère ?
Je me garde bien d’en parler en public.
Qu’est-ce qui vous plait dans l’écriture ?
Franchement, je n’en sais rien. Je me pose la question tous les jours, parfois avec appréhension, et pourtant, j’y retourne.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ?
L’amour, l’amitié, les insomnies et leurs causes.
Comment écrivez-vous ? Avez-vous des moments privilégiés dans la journée ?
J’ai des horaires de travail classiques qui tendent à s’étirer en soirée au fur et à mesure que je m’approche de la phase finale d’écriture d’un roman.
3 qualités et défauts ?
Obstination, obstination, obstination.
Votre loisir principal ?
L’agriculture.
Ce que vous détestez par-dessus tout chez un homme ?
L’obstination.
Et chez une femme ?
L’obstination.
La même question mais avec ‘ce que vous préférez’
J’ai peur d’y apporter la même réponse.
Votre devise ?
Il était une fois ?
Un livre en écriture ?
Le point final est posé. Restent quelques retouches. Il s’agit d’une nouvelle où il est question d’une nuit fatale de Thanksgiving dans la baie de Los Angeles, en compagnie de l’actrice Natalie Wood, de son mari et d’un certain Christopher Walken. Ce texte au format court devrait sortir début 2013 aux éditions In-8, dans la collection Polaroïd dirigée par Marc Villard. Je n’en dis pas plus par superstition.
Où trouvez- vous votre inspiration ? Et qu’est ce qui vous a donné l’idée d’écrire un roman sur ce sujet ?
Comme tous mes romans, Dans le ventre des mères est né (ça sonne bizarre, écrit comme ça…) de mille discussions, de mille échanges, de mille rencontres, à droite, à gauche, depuis des années. L’une des dernières en date était Stéphanie Delestré – qu’elle soit bénie et sanctifiée – qui, après avoir lu les soixante premières pages du manuscrit, écrites il y a cinq ou six ans, m’a poussé – avec obstination, elle aussi – à écrire l’histoire de Laure Dahan. L’idée de Dans le ventre des mères a surgi sur un coin de bureau, au fil d’une discussion avec une doctorante qui développait sa thèse sur les débats autour des bio et nanotechnologies. Il y était question de fécondation in vitro, de batteries de moyens contraceptifs, de rêves de femme, d’échographies, de science et de techniques, de corps féminin, de corps en guerre, d’hommes qui n’aiment pas les femmes (le tome 1 de Millenium n’est paru en France que l’année suivante, à ma connaissance)… Cela a donné Marketing Viral, écrit en 2005 et paru en 2008, qui était une sorte de round d’essai, en même temps que ma première aventure éditoriale. Le synopsis et les premières pages de Dans le ventre… ont été rédigés dans la foulée… puis repris cinq ans plus tard, après avoir terminé Les visages écrasés. C’est à peu près à ce moment-là que j’ai fait la connaissance de mon éditrice chez Ombres Noires, Nelly Bernard, si je ne me souviens bien…
Pouvez-vous me parler de vos œuvres précédentes ?
Les deux derniers en date et dans deux registres différents, Les visages écrasés et Luz, deux romans qui me sont très chers, ont été et sont des aventures humaines fantastiques. J’y ai bâti de solides amitiés et continue de rencontrer des hommes et des femmes assez formidables grâce à eux. Les visages écrasés, en particulier, a été très bien accueilli. Il a reçu de beaux prix, dont le Trophée 813, il en sorti en Espagne cette année, il s’apprête à traverser l’océan atlantique pour paraître au Brésil, et il est en cours d’adaptation cinématographique. J’en suis heureux et je remercie toutes celles et ceux qui y contribuent depuis deux ans.
Votre rêve le plus cher ?
Je ne crois pas que ce soit le plus cher, ni même que ce soit un rêve, mais j’aimerais continuer à écrire.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à ce questionnaire.