15 Apr

"Méfie toi d'Assia" Bernard Boudeau

Publié par lespolarsdemarine - Catégories : #Critiques

Un prisonnier sentant sa dernière heure venue fait appel à un prêtre. Non pour se repentir, mais pour avouer un meurtre. Un de plus. Celui d’une jeune fille disparue cinq années auparavant. Les détails de ce meurtre sont si horribles qu’ils ne seront pas rendus publics.

Marie est étudiante. Elle prépare une thèse sur la situation économique de la Russie. Son chemin croise celui du commandant Jean-Pascal Gontier qui va rapidement comprendre que cette thèse n’est qu’une ‘couverture’ et se demandera qui est cette femme qui, après avoir été attaquée dans un parking par trois individus, se défend comme un homme.

1980 : face à la situation de la Russie qui aborde le tournant gorbatchevien, Viktor, personnage hautement placé, décide de se séparer de ses enfants. Kolia son fils ira aux Etats-Unis et Anastassia, sa fille, en France pour passer son baccalauréat dans un lycée Parisien.

… « Sergueï, tu m’as demandé un jour de ne pas dépasser les limites… Je crois que les limites sont là, juste devant nous. Je te redis ce que tu m’avais dit à Ottawa. N’oublie pas qui je suis. Je suis ton ami. Je suis aussi un cadre de l’équipe de Gorbatchev. – Je le sais Viktor Mikhaïlovitch, mais il nous faut parfois composer avec des forces bien éloignées de nos idéaux… Parfois on n’a pas le choix.

La conversation qui suivit se fit à voix basse, comme si même les murs ne devaient rien en savoir. Il fût question d’intérêts contradictoires, de la grande Russie, de leurs grands-pères… Lorsque Sergueï Vladimirovitch Vasskasov se leva, la bouteille de whisky était vide. Il posa le verre, vide également, sur le bureau, salua son ami et sortit. Dehors, la neige tombait sur Moscou. Viktor Mikhaïlovitch eut le sentiment d’avoir signé un pacte avec le diable. »…

Viktor sera assassiné avec toute sa famille. Seule Anastassia réussira à s’enfuir. Dès lors, une véritable traque s’engage. Pour survivre, elle devra dans un premier temps ne compter que sur elle-même. Par la suite, elle se rendra compte que son père avait tout prévu et lui avait assuré un avenir. Mais les assassins de sa famille sont toujours sur ses traces. Elle fera donc le choix de faire alliance avec le commandant Gontier. Mais pour se protéger, elle n’aura d’autre choix que d’endosser diverses identités. Anastassia sera tour à tour Assia, Marie, Béatrice, jeune étudiante en sociologie, secrétaire, garde du corps. Un personnage aux multiples facettes qui n’en reste pas moins une jeune femme, forte et fragile à la fois, volontaire et décidée. Décidée plus que tout à venger la mort de ceux qu’elle aimait tant. Décidée à se battre et à faire payer le prix fort aux assassins de sa famille. Elle est combative, intelligente, belle, déterminée et dangereuse à la fois mais également sensible, émotive et amoureuse. Un mélange de genres qui en font un personnage attachant.

Dans sa mission de bodyguard, Béatrice alias Marie, sera amenée à protéger de très éminents et richissimes personnages. Le hasard la mettra de nouveau sur le chemin de l’homme qui, un soir, a fait basculer sa vie à tout jamais : le commanditaire de l’assassinat de sa famille. Elle deviendra de nouveau la cible et celui-ci ne reculera devant rien pour tenter de la supprimer.

« Quelle que soit notre vérité, la tristesse d’avoir perdu quelqu’un qu’on aime est inconsolable. La vérité, la sincérité, la force, la douleur, rien ne peut calmer la douleur et, en allant au bout de cette souffrance, on apprend quelque chose qui ne nous est d’aucune utilité pour la prochaine vague de tristesse qui nous surprendra. »

Haruki Murakami,

La Ballade de l’impossible (extrait page 116)

L’auteur frappe fort dès le début du roman. Toutefois, j’ai regretté que le rythme s’essouffle vers le milieu du roman. J’ai également trouvé les flash-back un peu trop nombreux ; mais il n’en reste pas moins que je recommande ce roman de part la qualité de l’écriture, l’intrigue ainsi que la description de certaines scènes qui en font un très bon roman policier et dont la fin est très imprévisible.

« Méfie-toi d’Assia » est le second roman de Bernard Boudeau que je chronique et pourtant le premier qu’il a écrit. J’avais également beaucoup apprécié la lecture du Marionnettiste. Un roman que j’avais défini comme machiavélique avec une intrigue dont la construction est redoutable.

Chronique du Marionnettiste

Editions In Octavo

21 €

375 pages