28 Sep

"Un avion sans elle" Michel Bussi

Publié par Les Polars de Marine

Vol 5403 – Istanbul-Paris - 23 décembre 1980 – 00h33.

L’Airbus 5403 Istanbul-Paris décrocha. Un plongeon de près de mille mètres en moins de dix secondes, presque à la verticale, avant de se stabiliser à nouveau. La plupart des passagers dormaient. Ils se réveillèrent brusquement, avec la sensation terrifiante de s’être assoupis sur le fauteuil d’un manège de foire.
(…)
Tout alla alors très vite.
Un bref instant, Izel crut entendre, en écho, un autre cri de nourrisson, quelque part dans l’avion, un peu plus loin sur sa gauche. La main troublée du type au baladeur frôla le nylon gris de ses cuisses. Le vieil homme turc avait passé une main autour de l’épaule de la femme voilée et levait l’autre vers Izel, suppliante. La mère, juste devant elle, debout, tendait les bras pour serrer sa fille libérée des sangles de son cosy.
Ce furent les dernières images avant la collision, avant que l’Airbus ne défie la montagne.

Un crash terrible. 168 morts. Un seul et unique rescapé : un bébé âgé de trois mois à peine : une petite fille, éjectée de la collision avant que l’avion ne se transforme en brasier.

Entrée en scène des personnages principaux :

Léonce de Carville appartient au cercle des cent capitaines d’industrie les plus en vue en France. Il vient de perdre dans ce crash son fils unique et sa belle fille qui voyageaient avec leur petite fille.

Les Vitral sont aussi en deuil : leurs enfants qui venaient passer les fêtes de Noël en France avec leur petite fille étaient dans l'avion. Avec leur petit fils Marc, le frère d’Emilie, ils forment une famille très modeste.

Ce sont donc deux nourrissons qui étaient à bord de l’avion : Lyse Rose de Carville née le 27 septembre 1980 et Emilie Vitral née le 30 septembre 1980.

Plus qu’une bataille, c’est une véritable guerre médiatique qui va se déclencher : les de Carville contre les Vitral. Deux familles que tout oppose.

Après un long procès, la justice tranchera :

"La décision du juge Weber fut connue quelques heures plus tard. La miraculée du mont Terrible se nommait Emilie Vitral. Ses grands-parents, Pierre et Nicole Vitral, devenaient ses tuteurs légaux, ainsi que ceux de son frère aîné, Marc.

Lyse-Rose de Carville était morte, brûlée vive avec ses parents dans la carlingue de l’Airbus 5403 Istanbul-Paris".

Deux familles. Double peine. Une famille brisée. Léonce de Carville ne s’en remettra jamais et après deux attaques cardiaques consécutives, il sera condamné à passer le restant de ses jours dans un fauteuil roulant. Son épouse : Mathilde ne peut, quant à elle, se résigner à accepter ce jugement et engage un détective privé : Crédule Grand-Duc qui, pendant 18 ans, accumulera les indices, suivra toutes les hypothèses et les pistes. Mais sans succès car, malgré toutes ses investigations et son engagement, il ne parviendra jamais à percer le mystère.

A l’aube du 18^ème anniversaire de Lylie, il a choisi de se donner la mort. Mais envers et contre toute attente, c'est avant le geste ultime qu’il trouve enfin la solution ; simplement en relisant la coupure de journal de l’Est Républicain de l’époque.

Toutefois, avant de commettre l'irréparable, le détective remettra ses cahiers à Lylie qui, peu de temps après, disparaîtra...

Qu'est-ce que Lylie a appris à la lecture de ces carnets de notes ? Pourquoi a-t-elle disparu ?...

C'est Marc, son frère, qui mettra tout en oeuvre pour tenter de découvrir la vérité.

Un suspens remarquablement bien entretenu, une écriture irréprochable, beaucoup d’émotion, de la tristesse, des regrets, des faux espoirs. Le récit est très bien construit et alterne entre passé et présent.

Michel Bussi sait où il veut emmener son lecteur qui sera surpris par le dénouement final. L’écriture est très visuelle et je ne suis pas étonnée d’apprendre que les droits ont été achetés pour une adaptation cinématographique.

Ce roman a reçu le prix du meilleur polar francophone 2012 à Montigny-les-Cormeilles et a été vendu à plus de 40.000 exemplaires au cours de l’année 2012. Il est actuellement en cours de traduction dans plusieurs pays.

Pocket

573 pages

Prochaine chronique : «Puzzle» de Franck Thilliez.

Sortie le 3 octobre aux Editions Fleuve Noir.