"Les apparences" Gillian Flynn
Amy et Nick Dune, victimes de la crise financière, quittent Manhattan et s’installent dans le Missouri. Pour subvenir aux besoins du couple, Nick ouvre un bar avec Go, sa sœur jumelle.
Un après-midi, prévenu par un voisin, il rentre chez lui et découvre sa maison saccagée. Sa femme a disparu. Le jour de leurs cinq ans de mariage.
Je m’apprêtais à mettre en position de blocage pour attraper le chat quand j’ai vue que la porte était ouverte. Carl me l’avait dit, mais j’avais supposé qu’elle était restée ouverte deux minutes, le temps de sortir les poubelles, un truc comme ça. Non, elle était grande ouverte, béante, sinistre.
Carl ne cessait de me zieuter depuis son poste d’observation, attendant ma réaction, et, comme dans une affreuse performance artistique, je me suis surpris à jouer le rôle du Mari inquiet. Figé sur la marche du milieu, j’ai froncé les sourcils puis j’ai monté l’escalier quatre à quatre en appelant ma femme.
Silence.
« Amy, t’es là ? »
Je me suis précipité à l’étage. Pas d’Amy. La planche à repasser était installée, le fer était toujours branché, une robe attendait, posée là.
« Amy ! »
Je suis redescendu à toute vitesse, j’ai foncé dans le salon et me suis arrêté net. La moquette était constellée d’éclats de verre, la table basse était en mille morceaux. Le canapé était sur le flanc, et des livres étaient étalés sur le sol comme un jeu de cartes. Même la lourde ottomane ancienne gisait les quatre fers en l’air, comme un cadavre. Au milieu de ce chaos, une paire de bons ciseaux, bien tranchants.
« Amy ! »
Je me suis mis à courir en beuglant son nom. Dans la cuisine, une bouilloire sifflait, au sous-sol, où la chambre d’amis était vide, puis par la porte de derrière. J’ai traversé le jardin d’un pas lourd pour rejoindre l’étroit ponton qui donnait sur le fleuve. J’ai jeté un coup d’œil furtif sur le côté pour voir si elle était dans notre canot, où je l’avais trouvée un jour, encore attachée à la rive, se balançant sur l’eau, le visage face au soleil, les yeux fermés, et, tandis que je contemplais les reflets éblouissants du fleuve et son beau visage immobile, elle avait soudain ouvert ses yeux bleus ; elle ne m’avait rien dit, je ne lui avais rien répondu et j’étais retourné à la maison tout seul.
« Amy ! »
Elle n’était pas sur l’eau, elle n’était pas dans la maison. Amy n’était pas là.
Amy avait disparu.
"Les apparences" sont une analyse des rapports humains, plus précisément des rapports de ce couple à travers le mariage. L’amour passionné des premières années évoluera suite à des désillusions, à des attentes qui ne sont pas les mêmes chez cet homme et cette femme.
Lui : ténébreux et quelque peu étrange de prime abord.
Elle : rêveuse, idéaliste, qui organise des chasses au trésor pour chacun de leur anniversaire de mariage ; une femme qui a des petits airs de Bridget Jones et qui tient un journal dans lequel elle relate leur vie. Elle aime les jeux de pistes, semer des indices, laisse planer le doute.
Une femme assez étonnante qui, la trentaine passée, a toujours les mêmes rêves de petite fille. Elle cherche sa personnalité, tâtonne, doute.
Deux êtres diamétralement opposés, deux personnages complexes.
C’est au fil des lignes que le lecteur comprendra la haine insidieuse qui commence à s’immiscer au sein du couple et qui contaminera leur relation. Le vrai visage des protagonistes va se révéler au grand jour. Les petits mensonges disséminés ici et là vont prendre de l’ampleur et altérer leur couple et les non dits viendront ternir leur amour. Dès lors, tout ira de mal en pis.
Une ambiance particulière où tout n’est qu’illusions, faux-semblants et paraître, mais où la rancœur se distille telle un poison et est tenace.
Certitudes, incertitudes, espoirs, déceptions, illusions, désillusions, émotion, tristesse, sourires, peines, rancœur, amour, haine. Un flot de mots et de sentiments qui se mêlent et s’entremêlent tout au long de cette intrigue pour former un canevas complexe.
Il a promis de prendre soin de moi, et pourtant, j’ai peur. J’ai l’impression que quelque chose va mal, très mal, et que ça va encore empirer. Je n’ai pas le sentiment d’être la femme de Nick. Je n’ai même pas l’impression d’être quelqu’un : je suis quelque chose qu’on peut charger et décharger, comme un canapé ou une horloge à coucou. Un objet, et même pas un objet utile. Je suis une chose qu’on peut balancer à la casse, jeter dans la rivière, si nécessaire. Je ne sens plus ma propre réalité. J’ai l’impression que je pourrais disparaître.
« Les apparences » est un thriller psychologique dont la construction est assez souvent utilisée dans l’écriture de romans policiers : une alternance passé / présent, un roman à tiroirs où l’on soulève un pan du mystère pour le refermer en passant au journal d’Amy et où on l’ouvre de nouveau au chapitre suivant.
Un roman dans lequel vous éprouverez à la fois de la sympathie puis de l’empathie pour les personnages, où manipulation et trahison sont les deux maîtres mots ; où l’espérance et le désespoir se conjuguent à la même personne, engendrant inévitablement la déraison et la folie.
Personnellement, je n'y ai rien trouvé de bien nouveau et j'ai été assez déçue par le manque d’originalité et une fin somme toute assez banale. Le suspens y est présent mais pas pour celui ou celle qui a tant soit peu l’habitude de lire des thrillers psychologiques et qui pourra facilement deviner certaines parties.
Second point faible : le nombre de pages : 692 ... Ce qui engendre inévitablement des longueurs.
Enfin, un style qui laisse souvent à désirer font de cet ensemble un ouvrage assez mièvre.
Livre de poche
692 pages
8,60 €
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