"La théorie du chaos" Leonard Rosen
Banovic est un criminel de guerre arrêté par le commissaire Poincaré. Il est emprisonné à La Haye et a juré de se venger.
James Fenster, jeune mathématicien émérite, est retrouvé mort dans son hôtel à Amsterdam. Une explosion a soufflé le dernier étage de l’hôtel où il se trouvait.
Simultanément, un attentat fait six victimes à la Galleria Vittorio Emmanuelle II et une femme est retrouvée morte à Barcelone.
L’ex-fiancée du mathématicien Madeleine Rainier est la première suspecte. Mais ne disposant pas de preuves suffisantes, le commissaire ne peut l’arrêter et celle-ci prend la fuite.
Poincaré est persuadé que les explications de la mort du mathématicien résident dans ses travaux. Il va s’octroyer l’aide d’un spécialiste des mathématiques : Edouard Quito.
Pendant ce temps, la vie de la famille du commissaire sera mise en danger. La souffrance, constante suite à une tragédie, Poincaré devra l'endurer.
Poincaré est très attaché à sa famille et l’auteur sait trouver les mots pour laisser transparaître une certaine émotion qui touchera le lecteur ; en opposition totale avec la violence de certaines scènes qui rappelleront que certains choix peuvent détruire à tout jamais ceux que l’on aime le plus et que le mal ne se trouve pas forcément où on l'imagine.
Incapable de se diriger d’emblée vers la tombe, Henri Poincaré erra dans le cimetière du Montparnasse jusqu’à ce que la pénombre l’attire inexorablement en un lieu où il pouvait entendre des esprits furtifs chuchoter son nom.
Il venait ici depuis treize ans, circulant entre les monuments à la gloire de piètes, de philosophes, d’artistes et de savants, tous héros de la République. Jeune inspecteur, il avait cru pouvoir un jour reposer parmi eux, au côté de son arrière-grand-père, en récompense de ses services rendus à la nation et de son amour de la justice. Son ambition avait été telle qu’elle l’avait non seulement poussé à résoudre ses enquêtes, mais à les résoudre avec une opiniâtreté et une intelligence censées faire honneur à son patronyme.
Quel imbécile ! Pour ranimer cette seule vie, il aurait donné mille fois la sienne. Il aurait vendu son âme. Mais aucun pacte avec le diable, ni même un suicide, n’aurait pu effacer le fait qu’il avait meurtri ceux qu’il aimait, seule vérité dont la preuve la plus terrible gisait dans un coin paisible de ce cimetière.
Il marcha donc jusqu’à arriver, demi-ombre lui-même, devant le caveau.
Les nuages s’amoncelaient et les arbres gémissaient. Il semblait avoir organisé sa vie pour ce moment : chaque semaine un train de nuit au départ de la Dordogne l’amenait à Paris à midi ; ensuite il se rendait directement au cimetière pour nettoyer le granit et mettre des fleurs fraîches à la place des anciennes. Un homme efficace aurait fait le ménage en quelques minutes ; mais cet homme-là empruntait un balai au gardien et s’en servait pendant une heure. Ce jour-là, après avoir ramassé un dernier débris poussé par le vent, il s’étonna de voir le printemps revenir. Il ne comprenait pas pourquoi les jonquilles persistaient à fleurir. Mais elles le faisaient … Même ici, dans ce cimetière. Et les oiseaux, de retour, chantaient et les arbres bourgeonnaient. Cela aurait dû être réconfortant.
Il s’agenouilla et, de sa bonne main, déposa un bouquet de lis frais sur la tombe. Mon ange, dit-il. Ils se sont trompés de cible. C’est moi qu’ils auraient dû tuer.
Le début de ce roman était original et prometteur mais l’intrigue ayant tendance à s’emmêler par la suite, la narration est devenue moins captivante, le récit étant assez décousu.
Le personnage du commissaire est, quant à lui, intéressant mais quelque peu noyé dans la prolifération des différents éléments qui jalonnent cet ouvrage.
« La théorie du chaos » n’est pas, selon moi, un thriller mais un roman policier qui plaira sans nul doute aux scientifiques. N'éprouvant personnellement aucun attrait pour ce registre, je pense que là se trouve la raison essentielle pour laquelle ce roman ne m’a pas convaincue.
Editions du Cherche Midi
495 pages
20 €
Prochaine chronique : « Ressacs » * David-James Kennedy * Editions Fleuve Noir
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