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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

12 Jun

"Les nuits de la Saint Jean" Viveca Sten

Publié par Les Polars de Marine

Elle regarda à nouveau l’heure. Huit heures moins le quart. Elle attendrait huit heures pour appeler. Pas une minute de plus. Ca restait assez matinal, mais elle ne serait pas capable d’attendre d’avantage.
Sa tasse favorite, un gros mug en porcelaine bleue, l’attendait sur le devant du placard. Le seul fait de le voir la rassura. Tout était comme d’habitude. Deux morceaux de sucre, un bon nuage de lait, et son café était prêt. Fort et sucré, comme elle l’aimait. Voilà, ça allait beaucoup lieux. Marianne sourit toute seule. Qu’allait-elle imaginer ? Que pouvait-il sue passer sur Sandahmn, une île que Lina connaissait comme sa poche. Elle aurait retrouvé le chemin de la maison les yeux fermés.
Entre Trouville, sur la côte est de l’île, et leur maison dans le village, il y avait tout au plus deux kilomètres. Que pouvait-il lui arriver sur un si court trajet ?
Elle but une autre gorgée de café et secoua la tête. Elle s’était affolée pour rien. Ce n’était pas la première fois que Lina dormait chez sa meilleure copine en oubliant d’appeler. Lina n’avait probablement pas eu le courage de rentrer. C’était plus simple de dormir chez Louise. Surtout quand il faisait nuit noire. Il n’y avait pas d’éclairage public et la plupart des maisons étaient fermées pour l’hiver. On avait beau être pendant les vacances d’automne, il n’y avait pas grand monde.
Marianne remua distraitement sa cuillère dans sa tasse. Le sucre s’était déposé au fond. Elle jeta un coup d’œil à la vieille cuisinière à bois qu’elle avait conservée en rénovant la maison que sa mère lui avait laissée dans l’archipel. Les braises de la veille s’étaient éteintes pendant la nuit, mais le conduit était encore tiède. C’est fou comme ça conservait bien la chaleur.
Elle se leva pour charger du bois et rallumer le feu. Quel plaisir, en automne et en hiver, de prendre son petit déjeuner en entendant le feu crépiter ! le froid pouvait être mordant quand le vent soufflait au nord. Alors, on était bien content d’avoir la cuisinière à bois et les vieux poêles dans la salle à manger et le séjour.
Elle regarda à nouveau sa montre. Huit heures moins trois. Elle n’y tenait plus. Elle composa le numéro.
« Allô ? » Une voix endormie répondit à la troisième sonnerie. C’était Hanna.
Marianne s’en voulut aussitôt. Elle l’avait réveillée inutilement.
Bonjour, c’est Marianne. Désolée de te déranger. Je voulais juste savoir si Lina était chez vous. Elle n’est pas rentrée hier soir et n’a bien sûr pas appelé. Je sais que c’est ridicule, mais je voulais juste vérifier que tout allait bien ».
Silence au bout du fil.
Juste une seconde, mais une seconde de trop.
A nouveau, elle respirait difficilement.
« Lina ? Elle n’est pas ici. Elle est partie vers dix heures hier soir. Elle n’est pas rentrée ? » La voix de Hanna trahissait son étonnement. « Ne quitte pas, je vais vérifier.
- Oui, chuchota Marianne. S’il te plaît. »
Hanna reposa le téléphone et disparut. Marianne serra le combiné si fort que ses doigts lui faisaient mal.
Puis Hanna revint.
« Désolée, dit-elle. C’est bien ce que je pensais. Elle n’est pas là. Louise dit qu’elle est rentrée à vélo après le film. Tu es sûre qu’elle n’est pas dans son lit ? »
Marianne n’arriva pas à répondre. Elle essayait de former des mots, mais sa langue ne lui obéissait pas. Sa vue se brouilla.
Où était sa fille ?

Noyade ? Enlèvement ? Aucune piste et des recherches rendues très difficiles de part les mauvaises conditions climatiques.

Au bout de quelques jours, les recherches avaient été suspendues. Ils avaient retourné le moindre galet, fouillé le moindre buisson. Lina Rosén était introuvable.

Nora Linde et Henrik ont deux enfants. Leur couple bat de l’aile et Nora fait tout pour sauver les apparences. C’est par le plus grand des hasards qu'elle apprend la liaison de son mari avec une jeune infirmière. Elle décide de le quitter et de prendre quelques jours de vacances avec ses deux garçons à Sandhamn - un petit port de pêcheurs situé sur la mer Baltique et qui n'excède pas une centaine d'habitants - où elle possède une maison.

C'est en jouant dans la forêt que les enfants découvrent des restes humains enfouis dans un sac sous la neige.

Se pourrait-il qu’il s’agisse du corps de Lina ?

Un grand nombre de policiers avaient été envoyés dans l’archipel avec l’ordre de passer l’île au peigne fin. Plusieurs chiens policiers avaient été déployés, mais le mauvais temps avait eu des conséquences catastrophiques : les importantes précipitations avaient emporté toutes les traces et toutes les odeurs, l’île était propre, comme lessivée : les chiens ne trouvèrent pas la moindre piste.

"Les nuits de la Saint Jean" Viveca Sten
"Les nuits de la Saint Jean" Viveca Sten

L’inspecteur chargé de l’enquête est Thomas Andreasson.

Petit à petit, la tension gagnera du terrain. Et ce, d’autant plus quand Nora commencera à voir une ombre tapie dans la nuit sous les fenêtres des parents de Tina. Tension qui décuplera quand elle se sentira à son tour épiée et suivie.

 

Autre temps, autre époque.

Sandhamn 1899.

Le père de Gottfrid est mourant. Peu de temps après son décès, Gottfrid rencontre Vendela. Le jeune homme a souffert d’une enfance malheureuse ponctuée par les brimades physiques de son père. Il se promet de rendre son épouse et ses deux enfants : Thorwald et Karolina heureux mais malheureusement, très rapidement, il reproduira le même schéma et fera subir les pires sévices à son fils.

Qui sont Thorwald et Karolina ? Et quel lien ont-ils avec la disparition de Lina ?

 

Viveca Sten travaille ses personnages avec une grande précision et met l’accent sur les relations humaines, les brimades, les sévices, les relations parents-enfants, hommes-femmes, les premiers émois amoureux, les promesses non tenues, les déceptions…

Le premier qualificatif concernant cette lecture est : surprenant : comme dans tous les polars Suédois, le rythme est assez lent mais, dans le cas présent, l’originalité de ces deux histoires parallèles décuplera le mystère et la clef ne sera remise que  dans les toutes dernières pages.

Le second est : intéressant : au-delà de l’enquête, Viveca Sten nous fait part des conditions de vie à une certaine époque en Suède, de la rigueur de l’hiver, du quotidien sur une toute petite île où les rumeurs et les colportages vont bon train,...

 

En conclusion, un bon moment de lecture. Mais que je ponctuerai toutefois d'un bémol : certaines pistes auraient, en étant plus approfondies, pu décupler le suspens et rendre ce roman tout simplement passionnant. 

 

 

 

Editions Albin Michel

Traduit du Suédois par Rémi Cassaigne

360 pages

20,90 € 

 

"Les nuits de la Saint Jean" Viveca Sten
"Les nuits de la Saint Jean" Viveca Sten
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C
Un coup de cœur pour moi! :)
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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.