21 Dec

"Le festin des fauves" Dominique Maisons

Publié par Les Polars de Marine

« Le bal des fauves » - Neuilly.

Gruber, le maître des lieux, donne un bal libertin. Le bal le plus prisé et le plus select de la capitale.

Ses convives constituent un aréopage unique d’industriels, de banquier, de politiques de tout bord, d’artistes et de grandes fortunes. Dans ses salons se nouent des amitiés, des complicités et des pactes qui pèsent des centaines de millions d’euros. Peu importe le coût de ces orgies ; tant que ses convives en gardent un souvenir émerveillé, il en sort grand bénéficiaire.

Tout est organisé et pensé dans le moindre détail. Mais c’est au moment où il s’apprête à prononcer son discours que Gruber s’écroule devant l’assistance. Le dernier mot qu’il prononcera sera « Judex ».

Erwan Servier et ses complices pillent le cargo Maravilha couteira, un navire échoué au large du port de Saint Denis d’Oléron. Les causes du naufrage sont troubles et des rumeurs circulent quant à l’hypothèse de la présence de trafiquants à bord. Mais plonger pour tenter de récupérer la cargaison s’avère être dangereux.

Alors qu’il vient de faire une découverte qui pourrait lui permettre d’oublier ses soucis financiers, Erwan découvre un de ses complices plongeurs mort.

Quant à lui, il est aussi en danger.

Derrière le masque de plongée, Loïck, les yeux révulsés, livide, a les traits figés dans une grimace atroce. Erwan comprend que l’eau poisseuse qui l’entoure n’est autre que le sang de son associé. De surprise, il hurle dans l’eau et laisse échapper son détendeur. Une longue colonne de bulles s’échappe de son équipement le temps qu’il la réajuste.
Il éclaire à nouveau son ami. En dessous du nombril, son ventre est fendu en deux, déchiré sur trente centimètres, et ses boyaux se sont échappés par cette ouverture. Ce sont ses intestins qui flottent dans la pièce, pas des cordages. Une nausée menace de submerger Erwan, mais la peur l’emporte.

"Le festin des fauves" est un récit qui tournera principalement autour d’une sombre histoire de folie meurtrière et où les références cinématographiques, littéraires ou d’actualité seront très nombreuses.

Un récit construit selon les règles des thrillers : plusieurs tiroirs qui se superposent et qui se rejoignent pour s’entrecroiser.

Ce sont des personnages particulièrement typés qui prendront « vie » sous la plume de l’auteur :

* Jérémy, hacker, petit génie de l’informatique, lieutenant à la brigade de l’OCLCTIC (Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication), travaillera en collaboration avec le capitaine Bertrand, le commissaire Letellier et le commandant de police Rossi.

* Lucy, à la recherche de son amie Roxana, disparue après une violente dispute. Lucy l’étudiante, qui revêt le costume de Lucy la dominatrice, elle qui s’est considérée comme une victime pendant ses années d’adolescence, elle qui est prête à braver tous les dangers pour retrouver « sa princesse Roumaine » et qui ne peut accepter l’idée de ne pas savoir où elle se trouve ni de pouvoir lui porter secours, persuadée qu’elle est retenue contre son gré par des ravisseurs prêts à tout pour en faire une esclave sexuelle.

Le personnage de Lucy est d’un charisme particulier. De ses faiblesses, elle tire sa force. Maîtresse femme, elle n’hésitera pas à tout mettre en œuvre pour parvenir à ses fins. Un personnage qui aurait pu effacer les autres protagonistes mais c’est sans compter sur le talent de l’auteur qui a parfaitement su contourner ce risque. Un écueil habilement évité, tous occupant une place bien particulière.

* Judex, un adversaire redoutable. Malgré tous les moyens mis en œuvre par la police afin d’enrayer sa folie, les meurtres continuent. Puissant, invincible, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Ses techniques sont d’une efficacité redoutable. Et quand il « met en joue » une future victime, celui-ci ne sait pas à quoi s’attendre. Il fait fi de tout, y compris d'une protection rapprochée. L’agonie de ses victimes est d’une rare violence.

Un, puis deux, puis trois, …

Nul ne sait à quel moment la liste sera close.

Louis le Morvant,
Judex sait,
Judex sait que non content de ruiner et de déshonorer les gens, il faut encore que vous les assassiniez. Judex vous donne l’ordre, Le Morvant, pour expier vos crimes, de verser la moitié de votre fortune à l’Assistance Publique. Vous avez jusqu’à demain 18 heures pour vous exécuter.
Judex sait que vous corrompez pour obtenir des concessions et des marchés publics en France, au Mali et au Niger.
Judex sait que vous avez participé au financement de groupes terroristes pour déstabiliser les gouvernements qui n’acceptaient pas vos conditions au Tchad, au Soudan et au Rwanda.
Judex sait que vous niez et dissimulez l’esclavage d’enfants sur vos chantiers en Birmanie, au Yémen et à Madagascar.
Judex sait que vous avez fait exécuter 5 hommes au Gabon pour étouffer une affaire qui vous aurait compromis.
Judex sait, car il a les preuves de tous ces crimes. Quand l’heure sera venue, Judex les rendra publiques.
Judex sait que la justice ne peut pas vous atteindre, mais Judex, lui, vous a condamné.

Dominique Maisons, cinéphile, a voulu, via ce nouveau roman, remettre au goût du jour une adaptation cinématographique de George Frajnu porté au grand écran en 1963 : « Judex » dont le synopsis est le suivant : un banquier véreux reçoit un mystérieux message signé Judex lui enjoignant de distribuer ses biens aux pauvres. Favraux se garde bien d’obéir et commet un nouveau méfait. Mais le jour des fiançailles de sa fille, Jacqueline, à l’heure dite, le justicier Judex met à exécution ses menaces.

Je donne souvent le conseil de savoir « fouiner » dans les rayonnages de nos librairies afin d’y découvrir de nouveaux talents. Personnellement, je connaissais cet auteur pour avoir lu « Le Psychopompe » et « Rédemption ». Excellents tous les deux.

Avec « Le festin des fauves », Dominique Maisons se surpasse et nous livre un thriller sombre sur fond de corruption, prostitution et libertinage et dont certaines scènes, très violentes, pourront heurter certaines sensibilités. Le lecteur se doit d'être averti. Mais il est toutefois à noter que l'auteur a su ne pas en faire surenchère et elles sont, fort heureusement, assez courtes.

Quant au titre, il prendra toute sa dimension dans les dernières pages.

Ce roman a trois qualités essentielles : une première scène percutante, un récit au suspens constant et qui ne faiblit jamais et une dernière scène théâtrale. Trois atouts qui en font un ouvrage d'excellente facture et à recommander sans aucune hésitation.

Editions La Martinière

548 pages – Broché

20 €

TEASER-FESTIN DES FAUVES 1

1ére bande annonce du Thriller "Le Festin des fauves"

http://www.dailymotion.com/video/x3g9abu

"Le festin des fauves" Dominique Maisons

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