'Malfront Les fantômes de la combe' de Gérard Coquet
1794 : Sœur Marceline se voit contrainte par une étrange vieille femme (Ernestine) de rester à Malfront. Poussée par une force invisible qu’elle ne comprend pas. Ernestine convainc Marceline qu’elle doit enfanter si elle veut vivre et donner une descendance à la combe de Malfront. Ernestine est dotée d’un pouvoir qui échappe à Marceline qui ne peut rien faire contre elle. Elle ne peut que se plier à ses exigences, à son bon vouloir. Sa volonté est totalement annihilée et elle se voit contrainte de renoncer à tout ce qu’elle était auparavant.
La rencontre d’une Sainte et d’une sorcière.
Quand Joseph, le frère de Godefroy passe de vie à trépas suite à une décoction avalée chez la vieille sorcière, ce dernier jure de le venger.
Marceline enfante : Georges vient au monde. Mais très rapidement, son besoin viscéral de faire souffrir inquiète sa mère qui ne parvient plus à le contrôler. Il est le début d’une longue descendance bercée de maléfices . Des maléfices qui ne s’éteindront jamais.
…"Des histoires ? Je vais t’en raconter une autre. Cà, dit-elle, c’est la malédiction de Malfront.
La couverture de ce bouquin fut découpée dans de la peau humaine. Les vingt premières pages, si on n’y prend garde, ne sont qu’un ramassis de formules ésotériques mais une main a rajouté là, à gauche, des noms de puissances maléfiques. L’explication se situe plus loin. Ici, une date est effacée, en dessous, l’écriture est celle d’un noble, d’un royaliste. Il y fait référence à une lettre, à un message envoyé par des aristocrates aux chouans dans lequel les noms des traîtres sont cités. Dans le deuxième chapitre, il est question d’un gousset contenant des fragments d’ossements ayant appartenu au Grand Maître de l’ordre des Templiers. Ces ‘restes’ sont à consacrer selon un rituel précisément décrit, afin de ramener la royauté sur le trône de France. Dans le troisième, une sorte de malédiction doit frapper quiconque interdira la délivrance du message. « Si la femme est trouvée morte ou pourfendue, les meurtriers, les fornicateurs le paieront de leurs vies ». Bref, c’est un peu incompréhensible et ça dure comme ça sur plusieurs pages."…
C’est donc après une première partie historique que l’auteur nous bascule dans le présent.
2007 : Lyon. Les meurtres continuent. Hugo Boscowich, un écrivain qui voit les portes des maisons d’édition se refermer les unes derrière les autres et dont Martebrun est le village d’origine, Marcel Pauvert : flic et Line Caissault : sergent vont tous les trois mener l’enquête. Mais pour quelle raison étrange les meurtres de Martebrun seraient ils liés à ceux de Lyon ? Qui peut bien être le meurtrier de ces hommes pourtant tous plus forts les uns que les autres physiquement et morts dans de bien étranges circonstances ?
J’ai tenté de trouver un mot qui puisse définir au mieux ce roman et celui qui m’est venu à l’esprit est : surprenant. Surprenant, d’une part par le vocabulaire utilisé qui pourra étonner le lecteur non coutumier du savoureux parler lyonnais; d'autant plus que le glossaire est malheureusement en fin d’ouvrage (regret car il faut s’y référer à chaque fois). D'autre part par le contenu du récit. Enfin, une histoire racontée par … un chêne !
‘Au fait, excuse mon langage de travers mais je parle difficilement le tien. Je vais toutefois m’efforcer d’utiliser tes mots pour me faire comprendre de la meilleure manière. Comble d’impolitesse, je ne me suis pas encore présenté ! Je m’appelle Chêne Fourchu. Pour les imbéciles de Martebrun je possède la sérénité accordée aux arbres vieux de plusieurs siècles.’
Un chêne qui a vendu son ’âme’ au Malin pour pouvoir grandir plus vite. Un chêne dont les racines s’étendent de part et d’autre du village et auprès duquel beaucoup de langues se délient . Un chêne qui peut converser avec les habitants du village et qui sera le témoin séculaire de tout ce qui va s’ensuivre.
Il s’agit là d’un roman très noir
...‘La bête immonde se maquillait devant lui, s’incrustait dans les ombres tirées par les réverbères. La lumière d’une lampe griffa le manteau d’une femme appuyée contre la porte de la sacristie. L’apparition s’éclipsa en emportant un sac de jute. Le miaulement d’un chat troua la nuit. Au même instant, les feuilles de la vigne ceinturant la fontaine tressaillirent. En réponse, celles des platanes s’agitèrent. Il n’y avait pourtant pas de vent’…
En ce qui me concerne, j’ai aimé le côté obscur des personnages, la profondeur que l’auteur a su leur conférer. Des personnages blessés par la vie. Les descriptions, quant à elles, sont tellement précises et détaillées que l’on n’a aucune difficulté à imaginer le décor. Et force est de constater que le style de l’auteur est, quant à lui, irréprochable.
Si vous choisissez de lire ce roman, vous apprendrez ce qu'est un baraban, un batillon, une buyandière, une caborne, une fenotte, un gognand, une gouille, un mâchon, un marque-mal, une souillarde,... et tant d'autres.
Ce roman a reçu le Prix du Festival Plume de Glace 2012 ainsi que le Prix Centaure.
Présentation de l'auteur (4 de couv)
Gérard Coquet est Lyonnais. Après une enfance passée à casser quelques vitres, ses parents lui font découvrir un pensionnat merveilleux : les Lazaristes, dans lequel il apprend à réfléchir sur le thème de 'aide-toi, le ciel t'aidera'. En dépit de succès plus souvent féminins que scolaires, Gérard Coquet devient expert-comptable stagiaire, puis reprend les rênes de l'entreprise familiale. Soucieux d'enrichir son karma, il anime un groupe de folk. Chantant comme une gamelle, il est affecté à l'écriture des textes des chansons... Le besoin d'écrire vient de là. Une dernière chose. Gérard adore la charcuterie, le gamay, la cervelle de canut et le tablier de sapeur. Etrangement, sa dernière prise de sang est parfaite !
Editions In Octavo
352 pages
21 euros
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