"Rédemption" Dominique Maisons
Bois-Caïman Haïti 1791 : Toussaint Bréda alias "Docteur Feuille" soigne ou empoisonne selon son bon vouloir. Dutty Boukman est esclave et capable de parler aux démons. Biassou est un autre initiateur de l’assemblée. Ils pratiquent le rituel du cochon noir dont le premier sang rendait les esclaves plus forts et les protégeait des balles des militaires Français. Toussaint rencontre les Marassa, jumeaux versant dans la sorcellerie qui soignent mieux que le Docteur Feuille et prédisent l’avenir, lèvent les envoûtements et referment la porte des morts derrière le défunt.
Paris 2012 : Le lieutenant Arnaud de la Malicorne alias Malic appelle le commandant Paul Rochat de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) pour enquêter sur le suicide d’un français d’origine haïtienne de 38 ans fiché pour des histoires de mœurs et de drogue. Richard Pellicomo, bien connu de la brigade était surnommé ‘gueule d’ange’. Défiguré trois ans auparavant et bien connu de Rochat. Un homme qui flambait la vie par les deux bouts. Le commandant Rochat enquête avec son divisionnaire Letellier. Les deux hommes se détestent. Dans un premier temps, il s’agit d’une simple enquête de routine. Il tentera de glaner des informations auprès de ses proches. Mais celle-ci va rapidement prendre une tournure bien particulière. Entre phénomènes surnaturels et implication supposée et présumée de personnages hauts placés, le commandant Rochat se confortera dans son idée initiale : la mort de Pellicomo n’a rien d’un suicide. La disparition de Charles Soutine, un peintre bien connu et la découverte d’une relation de Pellicomo morte d’une overdose dans son appartement ne feront que renforcer cette conviction. Le mystère s’épaissit : un appartement fermé de l’intérieur et aucune trace d’effraction.
L’enquêteur sent qu’il s’agit d’une affaire peu ordinaire où l’assassin sera bien difficile à démasquer. Un meurtrier bien particulier et des nœuds qui seront très délicats à dénouer. D’autant plus que, pendant qu’il tente de démêler cette affaire, il doit également lutter contre ses démons intérieurs qui le taraudent. Richard Pellicomo semblait avoir un don, un lien spirituel avec l’au-delà. Il aurait pu être un guide.
C'est sur les terres de Dubrovnik que Rochat tentera de trouver des réponses à ses questions concernant la disparition de Soutine.
Sur fond de drogue et de rites vaudous, l’auteur nous emmène aux frontières d’un voyage bien particulier. Quant au dénouement final, il sonne comme un retour aux sources et c'est là que tout a commencé que Malic se verra contraint de retourner : à Haïti.
Ce second roman de Dominique Maisons n'a rien avoir avec "Le psychopompe" son premier dans le sens où, si vous en abordez la lecture en pensant que vous lirez un thriller, vous serez inévitablement déçus. "Rédemption" s'inscrit plus dans la veine d'un roman policier et l'étiquette apposée par l'éditeur est trompeuse. Toutefois, si vous aimez tout ce qui a trait au surnaturel, si vous éprouvez un attrait pour les phénomènes inexpliqués et que vous souhaitez en apprendre plus sur les rites vaudous, vous serez conquis par un récit riche et très bien écrit. Le seul point négatif est la longueur de ce roman. 649 pages en font un livre très épais et j'avoue préférer les récits plus condensés. Le point très positif est que j'apprécie particulièrement les romans avec une thématique et j'ai trouvé celle-ci passionnante. Un ouvrage riche en enseignements et très bien documenté mais une lecture qui ne peut toutefois être abordée sans un minimum de connaissances des traditions vaudou.
La rédemption est un concept qui met l’accent sur l’aspect divin du mystère du salut de l’homme. Dieu rachète l’homme de l’esclavage du mal et du péché afin de lui rendre sa liberté. L’homme est sauvé par le « Salut » parce que Dieu le rachète : la « rédemption ».
Le vaudou désigne l'ensemble des dieux ou des forces invisibles dont les hommes essaient de se concilier la puissance ou la bienveillance. Il est l'affirmation d'un monde surnaturel et est considéré comme un culte à l'esprit du monde de l'invisible. A chaque ouverture, le prêtre vodoun demande l'aide de l'esprit de Papa Legba qui est l’esprit du vaudou haïtien et qui garde la frontière entre le monde des humains et le monde surnaturel. On le compare à Saint-Pierre qui détient les clés des portes du Paradis ou à Lazare en tant que patron des objets perdus pour ouvrir les portes des deux mondes.
Les Marassa sont, quant à eux, les jumeaux divins du vaudou. Ce sont des enfants doués d'une double puissance et invoqués tout de suite après Papa Legba. Ces fantômes d'enfants morts symbolisent les forces élémentaires de l'univers et représentent l'autre partie de la liaison avec les Iwas. Androgynes, ils apportent la fertilité.
Qu’ils soient asiatiques, africains ou afro américains, ces rites adoptent une même configuration : des vivants anthropomorphes (qui ont une forme ou une apparence humaine) investissent le corps d’un humain lors d’une transe qui a lieu au cours d’une cérémonie. Le possédé ou médium, qu’on appelle « le cheval de Dieu » adopte un langage et un comportement qui sont propres à l’entité qu’il a incorporée et lorsqu’il reprend conscience, il perd tout souvenir de sa possession.
Le vaudou peut être décrit comme une culture, un héritage, une philosophie, un art, des danses, un langage, un art de la médecine, un style de musique, une justice, un pouvoir, une tradition orale et des rites.
Avec la traite négrière, la culture vaudou s'est étendue à l'Amérique et aux îles des Caraïbes, notamment Haïti. Elle se caractérise par les rites d'« incorporation » (possession volontaire et provisoire par les esprits), les sacrifices d'animaux, la croyance aux morts vivants (zombies) et en la possibilité de leur création artificielle, ainsi que la pratique de la sorcellerie sur des poupées à épingles (poupée vaudou). Du temps des colons, la pratique de cette religion et de culture était passible de mort ou d’emprisonnement et se pratiquait donc en secret. De nos jours, le vaudou a intégré les rites et les conceptions catholiques qui ont fini par l’accepter. On parle de « vaudou chrétien ». De nos jours, on dénombre 50 millions de pratiquants dans le monde.
Du même auteur : « Le psychopompe » gagnant du prix polar VSD 2011
Ma chronique du psychopompe premier roman de l'auteur
649 pages
Editions les Nouveaux Auteurs
19,95 €
/image%2F0557871%2F20140813%2Fob_c00fc7_redemption.jpg)
/image%2F0557871%2F20140813%2Fob_b0b336_bois-caiman.jpg)
/image%2F0557871%2F20140813%2Fob_afae27_tumblr-m1l1lbuzxs1qcf65wo1-1280.jpg)