"Ne réveillez pas le diable qui dort" John Verdon
COUP DE COEUR
Connie Clarke est journaliste free lance. Elle contacte David Gurney, ancien enquêteur du NYPD. Sa fille Kim a pour projet de réaliser une série documentaire sur « Les orphelins du meurtre ». Elle veut connaître les effets à long terme par le fait d’avoir eu un parent assassiné sans que le cas n’ait été résolu. Connie avoue en même temps son inquiétude quant à la relation que Kim entretient avec son ami Robert Meese qui a un comportement plus qu’étrange depuis que celle-ci a commencé ses recherches. Il s’immisce dans son projet et devient omni présent. Kim lui confirmera ces dires et lui fera également part de son angoisse suite à sa décision de le quitter : des appels en pleine nuit sans personne au bout du fil, des objets qui disparaissent mystérieusement de chez elle, des bruits suspects dans l’appartement du dessus qui est pourtant vacant,… L’intimidation fera rapidement place à la peur.
L’accélération des événements incitera l’inspecteur Gurney à « reprendre du service » et tenter de confondre celui qui terrorise Kim.
- Bon sang, qu’est-ce que c’est que ça ?
Kim lui avait emboîté le pas et se trouvait maintenant à quelques pas derrière lui. Sa voix n’était plus qu’un murmure.
Gurney se mit la torche entre les dents, pointée vers la caisse.
Le Beretta dans la main droite, il leva avec précaution le couvercle de la main gauche.
Pendant un instant, il crut qu’il n’y avait rien à l’intérieur.
Puis il aperçut le couteau, brillant légèrement dans la petite flaque de lumière jaune de la lampe.
Un couteau à éplucher. Même dans la lumière pâle, il pouvait voir que la lame avait été aiguisée au point d’être anormalement fine et tranchante. Au bout, il y avait une minuscule goutte de sang.
C’est donc après une affaire qui aurait pu lui coûter la vie que Dave Gurney se retrouvera au cœur d’une enquête bien particulière.
Il va faire alliance avec Kim et rencontrer les différentes personnes qui ont eu, que ce soit de près ou de loin, un rapport direct avec l’enquête du « Bon Berger ». Car il s’agit bien d’une et non de plusieurs différentes enquêtes que Kim a choisi de reprendre pour s’aider dans ses recherches. Un projet qui, au fil des investigations, va accroître le malaise de l’inspecteur. Il commencera à avoir des doutes et ne saura plus en qui il peut avoir confiance. Qui des deux protagonistes est le plus manipulateur ? Qui cache son jeu ? Qui de Kim ou de Robert dit la vérité ? Kim se ferait elle passer pour une victime ? Si oui pour quelles raisons ? Aurait elle inventé toute cette histoire ou Robert cherche t-il vraiment à lui nuire ? Et surtout pourquoi avoir fait appel à lui ? Tant de questions que se posera l’inspecteur et qui le tarauderont. D’autant plus que rouvrir une telle enquête qui était classée depuis dix ans ne sera pas sans conséquences.
Vous devez abandonner immédiatement ce projet mal avisé. Ce que vous vous proposez de faire est intolérable. Cela revient à glorifier les individus les plus destructeurs de la terre. Cela ridiculise ma quête de justice en exaltant les criminels que j’ai exécutés. Cela crée un mouvement de sympathie immérité pour les plus vils. Ce n’est pas possible. Je ne le permettrai pas. Pendant dix ans, je me suis endormi dans la paix de ce que j’avais accompli, dans la paix de mon message au monde, dans la paix de ma justice. Forcez-moi à reprendre les armes et le prix sera terrible.
L’affaire du « Bon Berger » était restée inexpliquée et l’assassin qui s’était endormi dans l’ombre fera preuve de machiavélisme. Les meurtres vont de nouveau se multiplier et rien ne pourra plus arrêter cet homme qui a, une fois de plus, basculé dans la folie meurtrière. Toutefois, dans sa quête de la vérité, l’inspecteur trouvera que les invraisemblances de cette enquête sont bien trop nombreuses ainsi que les faits qui ne cadrent pas avec les conclusions. Il va donc rebattre toutes les cartes d’une affaire qui, selon lui, a été « bâclée » par le FBI et dont on a tiré trop de conclusions bien trop hâtives. Mais pendant ce temps, d’étranges phénomènes continuent à se multiplier, ne faisant qu’accroître la tension et la peur.
Une intrigue très bien construite desservie par un plan très structuré. L’auteur sait exactement où il veut emmener son lecteur. Les enchaînements sont logiques. Aucune scène de violence ni sanglante dans un ouvrage qui se veut un roman à suspens, des personnages « normaux » avec leurs failles et leurs tourments. Mais des personnages attachants comme le couple que forment David et Madeleine Gurney, par exemple.
John Verdon est un auteur que j’ai découvert il y a peu de temps. J’ai eu la chance de lire ses ouvrages de façon chronologique, ce que je ne saurai que vous conseiller si vous ne le connaissez pas encore. Vous serez ainsi mieux à même de comprendre certaines allusions et surtout d’apprécier la progression, non dans l’écriture, mais dans la qualité de l’intrigue. "658" est son premier roman suivi de « N’ouvre pas les yeux ».
Dans le cas présent, John Verdon a également voulu pointer du doigt ces émissions de télé réalité qui sont prêtes à tout pour faire de l’audimat, quelles qu’en soient les conséquences.
En conclusion, « Ne réveillez pas le diable qui dort » est une montée en puissance pour un auteur qui signe un excellent roman à suspens dont je ne saurais que vous conseiller la lecture.
Mon second coup de cœur de l’année en ce qui me concerne.
Editions Grasset
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Philippe Bonnet et Sabine Boulongne
525 pages
21,50 €
Prochaine chronique : « Lames de fond » de Chris Costantini
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Je vous informe qu'une rencontre Auteurs - Lecteurs sera organisée le Dimanche 2 Juin prochain de 15 heures à 17 heures au Café Le Barjot - 18, Avenue Ledru Rollin à
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