26 Jul

"Nostalgie, quand tu nous tues" Rodolphe Fontaine

Publié par Les Polars de Marine

Hippolyte veut devenir écrivain mais l’inspiration n’est pas au rendez-vous.

Marius Korda est commandant de police.

Un corps vient d’être retrouvé au Pont Flaubert à Rouen. Marius sait qu’il a déjà vu cet homme mais il ne parvient, dans un premier temps, pas à se souvenir à quelle occasion.

Cette absence de mémoire ne sera que de courte durée et c'est assez rapidement que les souvenirs lui reviendront. D’autres victimes suivront. Deux dénominateurs communs : le lycée Jacques Prévert et un site : « Mesannéesdelycée.com».

Première victime : Antoine Verger.

Seconde victime : Marie Poitevin.

« Ce fut au moment où son corps était entré en contact avec la carrosserie de la voiture que Marie Poitevin avait pris conscience qu’elle allait mourir. (…)

Elle n’avait pris conscience de la voiture qui la suivait seulement à hauteur du traiteur qu’elle avait jadis fréquenté, lorsqu’elle allait à la fac de droit, qu’elle fuyait le restaurant universitaire et que sa mère n’habitait pas encore Rouen mais Corneville-sur-Risle. Elle n’avait pas eu le temps de se retourner, et avait juste senti quelque chose la heurter brutalement. Etrangement, le temps s’était ralenti. Le corps de la jeune femme avait été projeté en l’air et son vol avait duré une éternité… Son regard avait eu le temps de se poser sur les murs en briques rouges, puis sur une mère de famille avec une poussette, sur le trottoir d’en face. Marie Poitevin avait vu la femme crier. Mais elle n’avait entendu aucun son sortir de sa bouche. Puis son corps avait rebondi sur le capot du véhicule qui venait de la faucher et avait continué son improbable trajectoire pour finalement s’écraser sur la chaussée. Marie Poitevin avait alors entendu des bruits effroyables venant de l’intérieur de son corps. Elle avait compris qu’une multitude de ses os venait de se casser. Durant un dixième de seconde, au moment où son corps désarticulé avait rebondi sur le capot du véhicule, elle avait pu voir le visage du conducteur. Un visage qu’elle avait instantanément reconnu bien qu’elle ne l’ait pas vu depuis plus d’une décennie. Un visage rempli de haine… »

Pour Marius, le fait que les deux premiers décès soient liés est une évidence. Peu à l’aise dans cette affaire, c’est Hippolyte qu’il va mandater pour mener l’enquête.

« Nostalgie, quand tu nous tues » est un aller-retour permanent entre le passé et le présent ; le souvenir laissé par des amitiés de jeunesse ; des retrouvailles qui, des années plus tard, recèleront bien des surprises quand Hippolyte et Marius retrouveront ceux et celles qui ont partagé leurs jeunes années. Parallèlement, l’auteur a aussi voulu souligner le travail de l’écrivain, son quotidien, ses espoirs et désespoirs, ses certitudes et ses doutes.

Mais ce roman est surtout le récit d’une belle amitié entre deux hommes qui se sont rencontrés alors qu’ils n’étaient qu’adolescents et qui ne se sont plus séparés. L’un est allé au bout de ses rêves et a pu embrasser la carrière qu’il souhaitait, l’autre n’a pas eu cette chance mais ne désespère pas de pouvoir y parvenir un jour.

Une bonne intrigue, beaucoup d’idées, mais un style qui en est encore à ses balbutiements. Toutefois, le final tout à fait imprévisible est un point très positif qui fait la force essentielle de ce roman.

Rodolphe Fontaine

Editions les deux encres

227 pages

19 €

Prochaine chronique : « Au-delà de l’illusion » Denis Grienberger

"Nostalgie, quand tu nous tues" Rodolphe Fontaine