"Au revoir là-haut" - Pierre Lemaître - Prix Goncourt 2013
A l’aube de la signature de l’armistice, l’auteur brosse le portrait de ces hommes qui ont vécu l’horreur, côtoyé la mort, prié, tremblé. Cent pages consacrées aux souvenirs, au passé, au présent et à l’avenir, aux sentiments, au vécu. Autant d’éléments qui se mêlent et s’entremêlent, se croisent et s’entrecroisent pour donner vie à des personnages dont vous connaîtrez la moindre parcelle de vie. Leur intimité ne sera plus seulement la leur mais aussi la vôtre. Vous saurez ce qu’ils pensent, ce qu’ils vivent et même ce qu’ils respirent. Ils n’auront plus aucun secret pour vous.
Vous vivrez les derniers instants de ces combattants qui sont tombés sous les balles des ennemis et de ceux qui vivent avec la mort au quotidien. La mort que, vous aussi, verrez à travers les lignes de l’auteur. Celle qui ne les quittera plus, qui se glisse jusque dans leur sommeil et viendra hanter leurs cauchemars.
Vous endurerez la souffrance de ceux qui ne peuvent occulter les hurlements des blessés, plaintes perpétuelles et à tout jamais gravées dans leur mémoire ; et de ceux qui seront marqués à vie par de nombreuses séquelles psychologiques et physiques causées par les éclats d’obus : les « gueules cassées ».
Albert se tordit les mains des heures entières en entendant hurler son camarade dont les cris, des gémissements aux sanglots et aux rugissements, couvrirent, en quelques heures, toute la gamme de ce qu’un homme peut exprimer lorsqu’il se trouve placé en continu à la limite de la douleur et de la folie.
Vous partagerez leur quotidien ainsi que celui de tous ces citoyens tombés pour leur patrie et que l’on n’a pu identifier ; d’où le symbole de la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
« Au revoir là-haut » est le récit d’une profonde amitié entre deux hommes qui ont scellé leur destin sur les champs de bataille : Albert Maillard et Edouard Péricourt. Mais surtout, deux hommes qui éprouvent une profonde aversion envers celui qui leur a, en quelque sorte tout pris et qui aurait pu aller encore plus loin si le destin n’en avait pas décidé autrement : le lieutenant Pradelle. Un homme que rien n’arrête et qui est prêt à tout pour profiter de la moindre situation ; qui gravite dans les hautes sphères tandis que Albert et Edouard en sont réduits à vivre à l’état de miséreux. Eux qui ont défendu les couleurs de leur drapeau et sont, au lendemain de la guerre, laissés pour compte. Albert a tout perdu et survit comme il le peut. Edouard, quant à lui est une « gueule cassée ».
Vous serez immergé dans un contexte de lendemain de guerre ou certains n’hésiteront pas à tirer profit du malheur des familles, en profitant de la peine et de la douleur.
Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après.
Vous découvrirez la force et l’audace d’Albert, prêt à tout pour soulager la douleur de son ami. Vous lirez les rapports de force, la faute, les actes lourds de conséquences qui peuvent engendrer de grosses sanctions, les drames que l’on voudrait taire.
Vous y découvrirez pléthore de mensonges, trahisons, doutes, suspicions,…
Vous lirez également les pensées à cœur ouvert de ces personnages incroyablement travaillés, vous comprendrez comment l'imagination conjuguée au talent peuvent donner naissance à une incroyable arnaque, vous y lirez la cupidité, l’amoralité mêlés au remords, aux regrets, à la tristesse de n’avoir pas pu ou de n’avoir pas su…
Quant aux dernières lignes, il est fort probable qu’elle vous laisseront un goût amer. Peut-être que, comme moi, elles vous laisseront à penser que la vie peut basculer en une fraction de seconde et sceller un destin et que le hasard n'existe pas.
Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira.
Au revoir là-haut, ma chère épouse…
Derniers mots écrits par Jean Blanchard,
Le 4 décembre 1914
Il y a 100 ans débutait la guerre la plus meurtrière de l’histoire de France.
Une guerre qui, par le jeu des alliances, s’est rapidement étendue à tous les pays et qui devait être courte mais qui s’est avérée interminable. A l’origine guerre de mouvement, elle s’est rapidement transformée en guerre de position dans les tranchées.
Elle s’est achevée le 11 novembre 1918 par la signature de l’armistice en laissant un terrible bilan de pertes humaines : 2 millions de morts en Allemagne ; 1,4 million en France et plus de 9 millions dans le monde entier.
En 2006, il ne restait que 4 poilus. Le dernier s’est éteint le 12 Mars 2008 à l’âge de 110 ans. Il était en France l’ultime rescapé parmi les 8,5 millions d’hommes mobilisés en bleu horizon. Ses obsèques ont été nationales. Cet homme s’était engagé à l’âge de 16 ans, alors que l'âge requis était celui de la majorité qu'il n'avait pas encore atteint. Son envie de défendre le pays qui l’avait adopté était plus forte que tout.
100 ans… Que reste-t-il aujourd’hui de cette guerre ?
Des mémoires, des paroles (Paroles de poilus) et le symbole de la tombe du soldat inconnu, en hommage à tous ces hommes que l’on n’a pu identifier, les corps étant méconnaissables (« les gueules cassées »).
567 pages
Albin Michel
22,50 euros.
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"Au revoir là-haut" - Pierre Lemaître - Prix Goncourt 2013
A l’aube de la signature de l’armistice, l’auteur brosse le portrait de ces hommes qui ont vécu l’horreur, côtoyé la mort, prié, tremblé ...
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