"Le massacre des innocents" Amédée Mallock
Paris – Mercredi 31 Juillet – Sans raison apparente, un tireur fou massacre 193 personnes au sommet de la Tour Eiffel.
Quelques jours plus tard, un nouveau massacre est commis en Région Bordelaise.
Une femme assassine son mari et le personnel de maison.
Un membre d’un club de tir prend pour cible un groupe d’élèves.
Une adolescente de 15 ans, championne de tir à l’arc tue sa mère, son père et son frère.
…
La folie des hommes ne connaîtra plus aucunes limites et de nombreux autres massacres seront commis. La fièvre assassine va rapidement gagner la capitale dans un contexte caniculaire. Le pays tout entier est en proie à la panique et la situation alarmante, le danger pouvant venir à tout moment et de n’importe où.
Toutes les équipes du 36 sont mobilisées mais l’équipe de Mallock ne dispose d’aucun indice et les hypothèses partent tous azimuts. Acte isolé ? Acte terroriste ? Une tâche rendue d’autant plus difficile que ces meurtriers sont d’horizons aussi divers que variés et n’ont, en apparence, aucun point commun.
Mais c’est sans compter sur la perspicacité du commissaire qui trouvera rapidement le fil rouge. Ce fil qui va leur permettre de comprendre la folie meurtrière de ces hommes et de ces femmes qui n’étaient en aucun cas prédestinés à commettre de tels actes.
Au-delà d’une intrigue résolument moderne et très alarmiste, l’auteur nous révèle, une fois de plus, l’étendue de son talent.
Une écriture très littéraire et adaptée à chaque situation : des phrases courtes et incisives ou, au contraire, une recherche particulière dans les mots utilisés et la construction des phrases. Mallock ne se contente pas de décrire, il raconte. Chaque scène est détaillée avec un sens de la précision remarquable. Chaque mot est pesé et en cela, le style est remarquable. Les personnages, quant à eux, ne font pas que passer mais font partie intégrante du récit et prennent corps et vie à travers ces lignes.
Ce roman est le second que je chronique de cet auteur et dans le premier : « Le cimetière des hirondelles », j’avais déjà été séduite par ce style que l’on ne trouve que chez certains écrivains de qualité. J’avais beaucoup apprécié ce savant mélange de sentiments et de couleurs, cette écriture posée et toute en finesse. Dans le cas présent, le rythme est beaucoup plus rapide ; « Le massacre des innocents » étant un thriller. Un thriller captivant où l’on retrouve le commissaire Amédée Mallock, personnage tout en contrastes avec une originalité toute particulière : Amédée et Mallock allant parfois jusqu’à se dissocier pour ne faire, l’instant suivant, plus qu’un.
Autant bougon qu’attendrissant, sérieux et débordant d’humour, dur et tendre. Mais surtout à la sensibilité exacerbée, intérieurement meurtri à tout jamais par la perte de celui qui lui était le plus cher : son fils Thomas alors qu’il n’était âgé que de 5 ans. Ce fils dont il rêve souvent et dont le souvenir ne pourra jamais s’effacer. Cet homme qui, sous sa carapace de « vieil ours atrabilaire » est un écorché vif.
Le vieil ours atrabilaire était tout aussi sentimental qu’impitoyable, violent et fragile, simple et compliqué, anxieux et optimiste, mi-cérébral, mi-gros-bras, mi-tendre et misanthrope… Un être paradoxal qui avait fini par s’accepter ainsi, tout fragmenté, morcelé, par amour de la sincérité.
Un thriller où l’on notera un sens de l’observation exacerbé. Sur certains détails de la vie sur lesquels on ne prend pas le temps de s’attarder au quotidien, par manque de temps, mais qui, quand on les lit, prennent une dimension toute particulière et nous font prendre conscience de ce même temps qui passe et de certaines réalités.
Enfin, on pourra également souligner le travail de l’auteur qui a su faire ce travail de recherche en amont de l’écriture, indispensable à la rédaction d’un manuscrit abouti et de qualité.
En conclusion, un excellent thriller totalement addictif qui ravira tous les amateurs du genre.
543 pages
Quand Mallock arriva sur la petite place qui protégeait la rue du Bourg-Tibourg du flot incessant de la grande artère Rivoli, sa chemise était trempée et son dos avait recommencé à le faire souffrir. Il s’était donné une sorte de rendez-vous avec le maniaque responsable de tous ces meurtres. Malgré le fait qu’il ne parvenait pas à imaginer comment un seul homme pouvait produire autant de dégâts, il avait décidé de ne pas utiliser le pluriel. Peut-être parce qu’il avait besoin de ce singulier pour mieux intérioriser cet affrontement du bien contre le mal.
Bras de fer.
Lui contre l’autre.
Une même et seule guerre. D’homme à homme. L’un jouant le bon, l’autre le méchant. David contre Goliath. Demain on changera, c’est promis, je serai le meurtrier, et toi le policier. L’Indien rouge et moi le cowboy bleu.
Il fallait absolument que Mallock intériorise son combat.
Et c’est ce qu’il avait commencé à faire en quittant la rive gauche.
Premier effet de cette nouvelle concentration, alors qu’il s’approchait de chez lui, il devina son adversaire. Il était tapi à l’attendre dans la fraîcheur de son appartement, monstre agile vautré dans des flaques d’enfants morts. Mallock ralentit le pas. Il avait peur de cet autre, de ce diable, mais aussi de lui-même, de sa faiblesse, son souffle court et sa rage.
Cette vaste incertitude que l’on appelle l’âge.
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