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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

12 Apr

"La pieuvre" Jacques Saussey

Publié par Les Polars de Marine

Lisa a un terrible contentieux avec sa mère.

Elle ne peut lui pardonner de l’avoir abandonnée alors qu’elle n’était âgée que de 8 ans à peine. Placée dans un Etablissement hospitalier pour la maladie d’Alzheimer, le médecin qui l’appelle lui annonce qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Le verdict est terrible. Ce n’est plus qu’une question de jours. C’est donc en toute hâte qu’elle prend le premier train pour Marseille. Ce départ étant aussi subit que soudain, personne ne savait où elle allait.

Et pourtant…

 

De son siège, l’homme au costume froissé attendit qu’elle ait tourné le dos. Il leva alors les yeux vers la sortie et observa la nuque de la jeune femme avec acuité. Il n’y avait aucun doute pour lui : elle avait enregistré son visage quelque part, dans un coin de sa mémoire instinctive de flic. Il fallait qu’elle passe le relais.
Il exhuma un téléphone portable de sa sacoche, passa un rapide coup de fil puis, juste avant que les portes du train ne se referment, il sortit sur le quai. Un bref coup d’œil lui apprit qu’elle avait déjà disparut dans les couloirs de la gare. Il savait où Lisa Heslin allait.
Quelqu’un d’autre y serait avant elle et l’attendrait. C’était le seul moyen pour la filer discrètement. Juste s’assurer qu’elle suivait bien le chemin prévu.
Elle ne pourrait pas leur échapper.

Autre lieu. Autre affaire.

Samir se pencha sur le rang des plus basses, inspecta les bottes une par une, l’ongle de l’index suivant les moindres aspérités sur la surface des portes. Au bout d’un instant, il émit un soupir de soulagement. Voilà. C’était là. Pas de nom, comme prévu, mais un minuscule morceau de gommette rouge resté fixé dans l’angle intérieur de la trappe. Il faudrait qu’il signale le fait à Malik. Le coup de la pastille n’était pas une si bonne idée que ça.
Accroupi sur le carrelage lavé de frais, il ouvrit sa sacoche et prit le paquet enveloppé de papier brun, puis il fronça à nouveau les sourcils. Même à vue de nez, il était beaucoup trop épais pour passer par l’ouverture de la boîte. Environ une fois et demie l’épaisseur de la fente.
Quelle merde !
Enervé, il laissa échapper les clefs du scooter sur le sol. En voulant les rattraper, il donna un léger coup de la semelle sur le trousseau qui fila le long de la plinthe, jusque sous le radiateur du hall.
Samir émit une injure étouffée par le casque, puis il se mit à genoux et ôta son gant droit trempé pour passer la main sous l’appareil.
Le courant d’air glissa sur sa nuque humide et le prit par surprise. Il tourna la tête, mais son casque buta sur son épaule, l’empêchant de voir l’entrée de l’immeuble. Dans la paroi en acier poli des boîtes à lettres, il distingua soudain une silhouette s’avancer derrière lui. Une silhouette noire, longiligne, qui pointait son bras en avant, droit sur sa tête.
La première balle lui perfora la base de l’occiput et ressortit en explosant sa mâchoire inférieure dans une fulgurance de douleur, projetant un mélange opaque de plastique, de sang, de chair et d’os pulvérisés sur la visière du casque.
Il n’entendit pas la deuxième.

[…]

- C’est au sujet de l’affaire du coursier abattu hier de deux balles dans la tête, dans le XVIè, dans le hall d’un immeuble. Nous avons fait analyser le projectile retrouvé dans le… Oui, j’y viens, monsieur. Il s’agit de la même arme que celle qui a servi à perpétrer un autre homicide, monsieur. Il y a vingt-et-un ans…
Magne entendit distinctement la voix aboyer dans le téléphone. Estier se passa un index nerveux entre le col de sa chemise et sa pomme d’Adam.
- Je vous parle d’un assassinat qui a eu lieu le 20 juillet 1992, sur les marches du Palais de justice, monsieur le ministre. Celui du juge Lionel Heslin.

… qui n’est autre que le père de Lisa…

Lisa – qui devra affronter une terrible révélation lorsqu’elle sera au chevet de sa mère et qui, de surcroît, saura qu’elle est en danger quand celle-ci lui dira dans un dernier souffle une des phrases prononcées par son père il y a de nombreuses années : 

« Si quelqu’un apprend ce qui s’est passé ce jour là, ils te tueront et elle avec »

"La pieuvre" Jacques Saussey

Lisa – qui va plonger au cœur de ses origines familiales et apprendre enfin la vérité sur un passé dont elle a toujours tout ignoré.

Lisa – qui va devoir affronter l’indicible et remonter le chemin de son enfance, qui verra ressurgir les fantômes du passé et qui obtiendra les réponses à ses questions mais à quel prix !

A Paris, le capitaine Daniel Magne sera promu au rang de commandant et chargé de l’enquête sur la mort de Samir – qui se doublera très rapidement par un second meurtre : celui de Nabil Souleymane  - toutes affaires cessantes.

 

Le temps de ce roman, l’auteur dissocie son couple d’enquêteurs. Chacun fera donc cavalier seul.

Pour Lisa, c’est une traque infernale qui va s’engager où elle sera à la fois le chasseur et la proie.  

Pour l’équipe du commandant Magne, les actions vont s’enchaîner et le compte à rebours sera très rapidement enclenché.

Forte d’une construction à double volet, alternant les chapitres entre les deux enquêtes, l’attention du lecteur sera décuplée. Et ce, malgré l’épaisseur de ce roman : 553 pages.

L’intrigue aurait pu peiner, s’enliser et le récit souffrir de certaines longueurs. Mais ce n’est pas le cas et les lecteurs friands de thrillers y trouveront leur compte dans ce roman construit à l’image d’une partie d’échecs.

Eliminer successivement les pions, puis les cavaliers. Viendraient alors les tours, puis la reine.
Quelqu’un savait.
Et il avait décidé de le faire payer.
C’était une lutte à mort, à présent. Sans merci. Ce serait échec et mat, d’un coup sûr, d’un côté ou de l’autre de la partie.

Des scènes sèches, nettes et tranchantes, un suspens bien maîtrisé.

Autant de qualités qui font de cet ouvrage un bon thriller.

Toutefois, en ce qui me concerne, j’ai regretté la linéarité de l’intrigue et un canevas plus complexe aurait pu rendre encore plus intriguant ce roman. Le récit, principalement axé autour de l’enquête de Lisa, efface quelque peu l’enquête de Magne et de son équipe. Mais cela reste un sentiment très personnel.  

 

 

Editions Toucan Noir

553 pages

20 €

"La pieuvre" Jacques Saussey
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