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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

13 Mar

"Je sais où tu es" Claire Kendal

Publié par Les Polars de Marine

Pour cette petite clef-ci, c’est la clef du cabinet au bout de la grande galerie de l’appartement bas. Ouvrez tout, allez partout, mais pour ce petite cabinet, je vous défends d’y entrer, et je vous le défends de telle sorte, que s’il vous arrive de l’ouvrir, il n’y arien que vous ne deviez attendre de ma colère.

La Barbe Bleue, Charles Perrault.

Clarissa vient de rompre avec Henry. Leur incapacité à avoir un enfant et les nombreux échecs des traitements contre l’infertilité ont eu raison de leur relation.

Clarissa se sent suivie, menacée et harcelée. Une présence sourde et lancinante.

Son seul échappatoire : la fuite en assistant à un procès – celui de Samuel Doleman, parti en excursion au mois de Juillet avec des amis et accusé d’avoir violé Carlotta Lockyer - qui va durer 7 semaines. 7 semaines où il ne sera pas là, derrière elle, à épier ses moindres faits et gestes, à la suivre telle une ombre maléfique, à obséder ses pensées, à lui faire peur… Car Clarissa est terrifiée et éprouve une haine et une aversion profonde envers Rafe. 

Terrifiée par cet homme qu’elle voit à chaque instant. Obnubilée par cet homme qu’elle n’a pas choisi mais qui est venu à elle et s’est immiscé dans son quotidien.

Au fil des lignes, l’auteure distille une ambiance oppressante. L’atmosphère devient de plus en plus lourde et pesante. Tellement pesante que le lecteur aura l’impression de se fondre dans l’esprit de Clarissa. Il éprouvera de la compassion, de l’empathie pour cette femme dont la vie est un cauchemar au quotidien.

Un récit qui, à l’image du procès, se déroule sur 7 semaines et dont les titres des différentes parties pourront faire penser à un conte que Rafe, professeur et spécialiste des contes de fées aurait pu écrire.  7 semaines de cauchemar où aucun rai de lumière, si ce n’est que sa relation avec Robert, ne filtrera. Une obscurité constante enveloppera ce récit très noir et envoûtant.

On assiste à l’impuissance d’une victime face à un homme qui la tyrannise. Rafe donne l’impression d’un homme hermétique à ses propos. Chacun vit dans son monde. Clarissa a beau le chasser, il revient toujours. Plus tyrannique, plus insistant, plus virulent. Encore et toujours. Toujours plus.   

Elle est la proie. Il est le chasseur.

Un harcèlement qui n’aura de cesse de croître et de s’amplifier et où aucun répit ne sera accordé.

Clarissa est impuissante et ne sait comment procéder pour qu'on la croie. Elle ne veut en parler à personne de peur d'être considérée comme responsable de ce qui lui arrive. Alors elle subit au détriment de sa santé physique et morale. 

"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal

Après, j’aimerais avaler quelques somnifères et me glisser sous la couette. Mais je n’en fais rien. Comme d’habitude, je me force à prendre le petit carnet noir. Je me force à noter dans les moindres détails ce que tu m’as fait ce soir, même si c’est une épreuve pour moi. Je n’ai aucune preuve concrète de ce qui s’est passé. Mais j’écris tout comme si c’était une histoire. Peut-être les brochures ne sont-elles pas complètement inutiles, après tout. Elles m’ont appris qu’un jour arrivera où ce récit sera capital. Et je sais déjà que chaque récit a un nom qui lui est propre. J’aimerais que celui-ci en ait un autre, mais impossible de le changer : Je sais où tu es.

Le récit passé-présent pourra déstabiliser quelques lecteurs, ainsi que le style assez haché de la narration qui passe régulièrement de la première personne du singulier à la troisième personne. Mais, à bien y réfléchir, un effet de style visant à rendre le roman plus addictif. 

Une histoire où l’on se demandera en permanence où se situe la frontière entre les fantasmes et la réalité. Une narration sombre et en sourdes menaces où il sera bien difficile de faire la part entre le réel et l’irréel.

Terrifiant, hypnotisant et dérangeant. Autant de qualificatifs qui correspondent parfaitement à l’ambiance que Claire Kendal a voulu retranscrire.

A découvrir pour tout amateur de bon suspens psychologique.

 

 

 

Albin Michel

Traduit de l’anglais par Nathalie Cunnington

373 pages – Broché  

"Je sais où tu es" Claire Kendal
"Je sais où tu es" Claire Kendal
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L
Je l'ai repéré et, une fois de plus, vous me donnez envie de le lire.
Répondre
L
Qu'il est difficile de suivre des blogs et d'être toujours tenté(e) ainsi ;)

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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.