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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

31 Mar

"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock

Publié par Les Polars de Marine

Mallock et Dublin sont appelés au Louvre. On vient de dérober la Joconde…

Un certain « Ockam » revendique le vol du très célèbre tableau.

C’est sur une vidéo en streaming que celui-ci choisit de se mettre en scène d’une manière théâtrale en détruisant le chef d’œuvre de Léonard de Vinci. 

 

Certes, il n’avait tué personne. Pas de sang versé ni de chair découpée. Pas de famille en pleurs. Et pourtant…
Du fin fond de la Chine jusqu’aux rives érodées de la vieille Europe, des plaines tièdes du Levant aux vents glacés de l’Est, on avait assisté à ce qui s’apparentait à un meurtre. L’assassinat d’un mythe et d’une adoration commune, un syncrétisme esthétique.
C’est cette unanimité-là que le dénommé Ockam venait de découper à coups de rasoir. Certes, il n’avait tué personne, mais l’effroi qu’il avait réussi à susciter n’en était que plus terrifiant.

Mais le plus terrifiant restera à venir et c’est très rapidement que l’on comprendra l’étendue de la folie de cet homme ainsi que sa dangerosité.

Très régulièrement, le commissaire Mallock reçoit des bocaux assortis de messages. 

Au milieu de la table dans un bocal en verre, on pouvait apercevoir, flottant dans un mélange huileux, un scalp humain, avec sa peau écorchée, ses cheveux collés, une langue et deux oreilles. Des perles de sang coagulé formaient des points de suspension… Le bocal n°5 portait comme intitulé « Crinière de visage pâle en escabèche et ses morceaux choisis ». Le précepte disait, toujours avec le même humour grotesque : « Il ne saurait être donné de date limite de consommation à la vengeance du juste. »

Ockam est un fou qui ne choisit pas ses victimes au hasard, celles-ci étant très médiatiques et ayant toutes « quelque chose à se reprocher ». En celà, il pourrait faire figure de vengeur masqué.

Rivalisant d’imagination macabre et d’ingéniosité dans le mauvais goût de sa folie, c’est un personnage qui aime à se mettre en scène devant des millions d’internautes et qui s’amuse, exubérant et théâtral, jouant avec la police, les médias et le public.

Une exubérance en totale opposition avec la tristesse de Mallock. Cet homme qui ne peut se remettre de la mort de son fils Thomas. De celui qui ne peut se résigner à devoir passer le restant de ses jours sans ne plus jamais avoir la possibilité de voir celui qu’il aimait le plus au monde. Mais peut-on se remettre de la mort d’un enfant ? Personnellement, je ne le pense pas. Ce n’est pas la logique des choses. Nous donnons la vie à nos enfants. Nous nous devons de partir avant eux. Et non l’inverse. Les enfants savent qu’ils pleureront la mort de leurs parents. Mais un parent ne devrait jamais avoir à vivre une telle tragédie.

« Il n’est pire souvenir que celui qui se refuse à mourir ».

La construction du « principe de parcimonie » reste identique aux précédents romans de l’auteur : un ouvrage en deux temps : une première partie un peu en retenue par rapport à la seconde où Amédée se retrouve face à un monstre que rien ne semble pouvoir arrêter. Monstre dont la cruauté s’exacerbe au fil des pages. La tension s’installe doucement. Sûrement. Elle atteindra son paroxysme le 7 décembre…

Un roman qui peut apparaître comme « apocalyptique », la fureur de certains évènements climatiques s’ajoutant à la folie meurtrière d’Ockam.

 

C’est seulement, lorsque l’eau sort du lit des rivières, qu’elle déborde du bulletin météo pour venir s’écouler entre les doigts de pieds du téléspectateur avachi dans sa soupe, qu’elle peut voler la vedette aux autres actualités.
Ce matin-là, les spécialistes parlaient « d’un niveau préoccupant des nappes phréatiques ». Dans certains départements, les rivières avaient commencé à se répandre dans les champs. On redoutait que les inondations et les glissements de terrain ne se généralisent sur tout le territoire.

"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock
"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock
"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock

Amédée Mallock est un des auteurs que je préfère.

Pour la qualité de ses ouvrages, toujours, et à juste titre, définis comme « thrillers littéraires ».

Découvert en 2013 avec « Le cimetière des hirondelles », j’avais été séduite par ce style, très littéraire, parfois à la limite de la poésie. L’analyse des descriptions était très poussée et travaillée.

Dans « Le massacre des innocents », chroniqué en 2014, il adapte avec brio son écriture à chaque situation : des phrases courtes et incisives ou, au contraire, une recherche particulière dans les mots utilisés. Mallock n’est pas un simple romancier mais un formidable conteur. Chaque scène est détaillée avec un sens de la précision remarquable. Chaque mot est pesé. Les personnages, quant à eux, sont très charismatiques et laisseront une empreinte indélébile. Ils font partie intégrante du récit et prennent corps et vie à travers les lignes.

J’avais remarqué une évolution de rythme entre le premier roman chroniqué et le second, ce dernier étant un thriller. Dans celui-ci, le rythme est encore plus rapide et la folie à son apogée, rien ni personne ne semblant pouvoir arrêter le polichinelle.

Mais certaines scènes étant assez violentes, je me dois toutefois de prévenir qu’il n’est pas à mettre entre toutes les mains.

On y retrouve toutefois le commissaire Mallock toujours fidèle à lui-même. Un personnage tout en contrastes avec une originalité toute particulière : Amédée et Mallock allant parfois jusqu’à se dissocier pour ne faire, l’instant suivant, plus qu’un.

 

 

 

Fleuve Noir Editions 

542 pages   

14,90 €

 

"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock
"Le principe de parcimonie" Amédée Mallock
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