'La chambre mortuaire' Jean-Luc Bizien
… « La jeune femme ébaucha un bref salut. L’homme l’invita à entrer. Sa voix était profonde et
calme. Sarah, au passage, nota que sa barbe avait des reflets bleus. Parvenue dans le hall, elle déposa sa valise sur le carrelage et découvrit le décor incroyable. Elle sut à cet instant que la
maison avait gagné. Jamais plus elle ne la quitterait » …
C’est dans une demeure à l’atmosphère bien singulière que Sarah fait son entrée en tant que gouvernante chez Simon Bloomberg, aliéniste. Des mises en garde, des consignes assez strictes, une pièce interdite : la chambre conjugale de Simon et Elzbiéta. L’aliéniste est un personnage aussi inquiétant que la maison où il réside et qui semble bien mystérieuse. « J’ai fait mon possible pour la mettre en confiance. J’espère qu’elle ne commettra pas les mêmes erreurs que celle qui l’ont précédée. » Entre Jérômine qui endosse parfaitement son rôle de domestique acariâtre ; Ulysse, l’assistant du médecin aux allures de colosse et les deux singes Hécale et Loki particulièrement agressifs, Sarah ne se sent pas en confiance. Il n’y a guère que Marcelline la cuisinière qui se veut avenante. Quant à Elzbiéta , son ombre plane mais Sarah ne l’a jamais vue.
Pendant ce temps, l'affaire Dausmenil défraie la chronique : un corps défenestré est retrouvé sur le pavé. Et le plus incroyable est que ce corps va disparaître de la morgue.
Tout bon amateur de roman policier aura tôt fait de comprendre que le sort de Sarah a été scellé à l’instant où celle-ci a pénétré dans la demeure de l’aliéniste. Sarah est un personnage au caractère particulièrement déterminé et c'est elle qui tiendra le rôle principal. Elle qui est plus qu’intriguée par l’atmosphère particulère de la maison mais également par le comportement du médecin, celui d’Ulysse et par cette épouse qui brille par son absence alors que tous les objets rappellent à son souvenir. Et elle est bien décidée à en savoir plus...
Simon Bloomberg va lui faire découvrir l’univers de ses malades : la folie. Au delà du trouble qu'elle éprouvera, elle aura parfois bien du mal à discerner
le vrai du faux.
L’aliéniste paraît être
toujours honnête vis-à-vis d’elle, mais n’est-ce qu’un leurre ou est-il réellement sincère ? Elle se demandera souvent s’il ne joue pas un double jeu.
Qui est réellement ce médecin ? Que cache-t-il ? Où se trouve sa femme ? Quel est le rôle d’Ulysse, ce personnage à double visage ?...
L’auteur a particulièrement bien su retranscrire une ambiance énigmatique, mystérieuse et pesante à souhait qui sied parfaitement à tout bon roman policier.
Quel bonheur également que celui de se replonger dans l’atmosphère du 19ème siècle. Les descriptions sont remarquablement précises et le style de l’auteur particulièrement riche. Le
seul regret en ce qui me concerne est que je pensais que la folie des personnages serait plus développée mais l’auteur a privilégié l’enquête policière. Jean-Luc
Bizien est un auteur, si vous ne l’avez déjà lu, que vous pouvez ajouter à votre liste. Sa bibliographie
est impressionnante. On
pourra retenir que ‘La chambre mortuaire’ est le premier volet d’une série tous publiés aux Editions 10/18. Le tome 2 de la cour des miracles est ‘La main de Gloire’ paru en 2009 et le tome 3
‘Vienne la nuit, sonne l’heure’ paru en 2012. Quant au tome 4, il est en cours d'écriture.
Editions ‘Grands détectives‘ 10/18
Roman de poche
429 pages