'Le bloc' de Jérôme Leroy
Le
roman de Jérôme Leroy sonne comme un pari bien audacieux. Celui d'entrer dans l'univers de l'extrême droite.
'Le bloc', c'est l'histoire d'un parti, mais c'est surtout l'histoire d'une amitié. Une amitié entre deux hommes : Antoine et Stanko. Une amitié de plus de 25 ans. Une amitié qui n'est plus puisque, au moment où 'le bloc' va entrer au gouvernement, il est indispensable que l'un des deux hommes disparaisse, au nom de ce même parti. Cet homme, c'est Stanko, devenu l'homme à abattre. 'La corrida avait commencé. Et c'était moi le taureau'.
Tout oppose ces deux hommes. Deux personnages diamétralement opposés. Leurs origines, leur milieu, leur physique, leur façon d'être. Stanko, fils de prolétaire, déclassé. Le chef du service d'ordre du parti. Antoine, intellectuel, bon vivant, bourgeois, marié à Agnès Dorgelles, la présidente du Bloc. 'Finalement, tu es devenu fasciste à cause du sexe d'une fille'.
Tout oppose ces deux hommes. Et pourtant, ils sont amis. Ils l'étaient en tout cas. Unis comme les deux doigts de la main. Partageant toutes les épreuves et bravant toutes les difficultés. Et maintenant que la victoire est proche, ordre a été donné d'éliminer Stanko.
Alors avant l'issue fatale, les deux protagonistes se souviennent et racontent. Chacun de leur côté.
'Je crois que j'ai entendu quatre heures sonner au clocher de Saint-Ambroise, mais c'était peut-être cinq. Et çà m'est totalement égal, je me réfugie dans le passé comme pour distendre le présent, en faire une bulle d'éternité, comme du temps de l'école quand j'avais ouvert les yeux juste avant que sonne le réveil'.
Jérôme Leroy,
militant d'extrême droite ? La lecture de ce récit pourrait le laisser à penser. Et pourant J Leroy est communiste. Né à Rouen, il a enseigné le français dans
différents collèges du Nord. Il a quitté l'enseignement pour ne plus se consacrer qu'à la littérature. Auteur de romans, de nouvelles et de poèmes. Ses livres mélangent les genres du roman noir,
du roman policier et de l'anticipation.
L'auteur nous livre un roman bien particulier, un polar politique très noir. Remarquablement bien écrit, celui-ci aurait pu être ennuyeux, surtout pour une lectrice comme moi, qui n'affectionne pas spécialement ce genre.
Et pourtant, je le définirai comme un roman coup de poing. Le sujet est traité habilement. Et ces 300 pages ne laissent pas indifférent. A tel point que la lecture du final nous laisse quelque peu songeur quant à la définition de la liberté.
Roman sélectionné pour le prix du Quai du Polar à Lyon.