22 Feb

"Mauvais sang" Stéphanie de Mecquenem

Publié par lespolarsdemarine - Catégories : #Critiques

Tiphaine est avocate et vit à Montréal. Mariée à Gaby, elle voit sa vie basculer quand elle reçoit un appel lui apprenant l’infidélité de celui-ci. Cette nouvelle lui fait l’effet d’un coup de poignard. Elle décide de partir au Mexique.

Sir James Jeffrey est épigraphiste. Veuf depuis 6 mois, la cicatrice de la disparition de son épouse est encore à vif et il ne parvient à accepter le manque que lui cause sa perte. Ce n’est qu’après son décès qu’il a découvert que Henrietta était en possession d’un authentique manuscrit maya dont il est bien décidé à déceler les mystères. Des mystères auxquels il trouvera les réponses au Mexique.

...« Mon Amour,

Tu trouveras ci-joint le bien le plus précieux de ma famille aux dires de mon ancêtre l’abbé Brasseur qui, lors de son trépas, l’a confié à sa gouvernante (pour la peite histoire, elle était en fait pour lui beaucoup plus qu’une gouvernante puisqu’elle lui avait donné deux beaux enfants). Celle-ci ne savait que faire de ce document totalement incompréhensible mais, profondément amoureuse de l’abbé et sachant combien il y était attaché, elle l’a conservé telle une précieuse relique toute sa vie durant. A sa mort, elle a fait jurer à ses deux enfants de ne jamais trahir leur ascendance et de conserver le trésor de l’abbé afin qu’il ne tombe pas entre des mains indignes tel qu’avait coutume de dire ce dernier. Et voilà comment un beau jour il est tombé entre mes mains. Ma mère m’avait fait faire la même promesse à sa mort et voilà que je m’apprête à la trahir. Mais je suis persuadée en mon âme et conscience que c’est pour la bonne cause et que tu seras à même non seulement d’en percer tous les secrets mais également d’en faire bon usage. Il semblerait que l’abbé n’ait jamais pu venir à bout de sa traduction et soit devenu presque fou à force de s’y consacrer sans relâche. Je te joins également un extrait de son journal qui avait été conservé avec le manuscrit et te souhaite bonne chance mon amour, que mon absence ne te soit pas trop lourde.

Henrietta.

Ta femme, pour toujours et à jamais. »…

La rencontre entre Tiphaine et Sir Jeffrey sera assez cocasse et pour le moins originale. De cette rencontre naîtra une très belle amitié. Sir Jeffrey explique à la jeune avocate qu’il aurait découvert un 5^ème codex dont il serait le seul à connaître l’existence et qui pourrait expliquer le déclin de la civilisation Maya. Il lui propose de l’aider à déchiffrer les glyphes avant le 23 Janvier 2006, date à laquelle devrait se produire un évènement d’une importance capitale.

Quand Marysa, une jeune guide touristique, échappe de justesse à une agression, la tension commencera à monter lentement et c’est bien malgré elle que Tiphaine devra élucider, en plus des mystères du codex, des disparitions de jeunes filles, guides touristiques, qui semblent vouloir être étouffées par le gouvernement.

C’est dans une ambiance très British et feutrée où l’on pourrait presque sentir l’odeur de l’encaustique et celle du papier jauni que commence cette intrigue. Une ambiance où il fait bon arrêter le temps et savourer le tea time accompagné de quelques muffins. Un récit qui n'est pas sans me faire penser aux aventures de Miss Marple ou plus récemment à celles de Jessica Fletcher dans Arabesque. Stéphanie de Mecquenem a la grande qualité de posséder une écriture très visuelle et toute en finesse. Une auteure que j'avais eu le plaisir de découvrir en lisant « Le silence des cris ».

Ma chronique du silence des cris

Le lecteur notera un air un peu emprunté dans les dialogues de Sir Jeffrey mais qui sied parfaitement avec le personnage et qui n’est pas pour déplaire. Le style est fluide et très agréable mais manque de mon point de vue personnel dans certains passages, un peu d’étoffe. Il n’en reste pas moins que j’ai été conquise par ce récit, très bien construit et très documenté, où le lecteur découvrira les rites Mayas ainsi que la culture de ce peuple qui, soit dit en passant, n’avait jamais prédit la fin du monde pour le 21 Décembre 2012. Une prédiction qui n’était en réalité qu’une erreur d’interprétation. Ils avaient simplement annoncé la fin d’une ère.

Les Mayas sont un peuple indien d’Amérique Centrale comprenant de nombreuses langues. Leur histoire est vieille de 3000 ans. Ils croyaient à une bio-énergie présente en chaque être humain, chaque animal et chaque plante. Plus la personne ou le Dieu était important, plus sa bio-énergie était grande. Mais celle-ci avait besoin d’être renouvelée. C’est la raison pour laquelle les sacrifices humains étaient nombreux. Ils transportaient l’énergie humaine vers le monde surnaturel des esprits et des dieux pour obtenir un pouvoir surnaturel ou une faveur. Des prisonniers, des esclaves, des enfants et surtout des orphelins et des enfants illégitimes étaient achetés spécialement pour cette occasion.

Les pyramides seraient la représentation de l’intérieur de la Terre. Elles étaient conçues de façon à reproduire de manière symbolique le paysage sacré tel qu’il existait au moment de sa création par les dieux. Les rois usaient de transes et de rites pour accéder au monde surnaturel qui leur permettait de converser avec les dieux. Les pyramides abritaient également des tombes, pour la plupart royales.

On ne connait pas très bien les raisons du dépeuplement quasi-total de ces puissantes cités mais il semblerait que les guerres, les désastres écologiques, les famines ont provoqué ce déclin. Entre la fin du VIIIème siècle et le début du Xème siècle, les centres ont été abandonnés puis recouverts par la forêt. Ce n’est que bien plus tard : entre le XIXème siècle et le début du XXème qu’ils ont été découverts et restaurés.

364 pages

EdiLivre

21 €