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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

09 Dec

'Timeville' Tim Sliders

Publié par lespolarsdemarine  - Catégories :  #Critiques

David Cartier, chef étoilé et spécialiste de la cuisine moléculaire mène une très brillante carrière professionnelle. Concernant sa vie privée, il vient tout juste de divorcer de Anna la mère de ses deux enfants : Agathe et Tom. Willy et Pierrot sont deux malfrats, rois de la cambriole. Passant une dernière nuit chez lui, David se fait agresser par les deux cambrioleurs qui n’avaient pas prévu sa présence. Lorsque David se réveille le lendemain commotionné, il croit dans un premier temps à un enlèvement, tout ayant changé chez lui : son intérieur mais aussi son aspect physique. Sa fille Agathe a complètement changé de look également à son plus grand désarroi. Et il apprend avec stupeur en appelant la police qu’il n’habite pas à Versailles mais à Timeville, une ville dont il n’a jamais entendu parler. Nous ne sommes plus en 2012 mais en 1980 !...

 

… « Dehors est pire que dedans. Après Barbie et Ken, David a l’impression d’être tombé au milieu d’un tournage de film se déroulant dans les années 80. Pas un détail ne manque au décor. Les voitures anciennes, accotées au bord des petits pavillons tous identiques… Le marchand de pain en camionnette… Il se tourne vers sa façade, consulte l’habitation dans son ensemble. C’est comme si sa maison de 2012 avait été revisitée par un mauvais architecte. Le vintage peut vite frôler le mauvais goût comme le dit un des ses amis new-yorkais. Nauséeux, il récupère le journal sur le palier du voisin et continue à nager en plein délire : Le Parisien, édition du 6 décembre 1980. Le flic a dit vrai. En première page : « Le Polaroid révolutionne nos souvenirs. »…

 

Mais si le décor a changé, les protagonistes, eux, ont toujours le même âge. Les problèmes sont eux aussi, toujours les mêmes et il va falloir bon gré, mal gré, en faire fi s’ils veulent comprendre ce qui se passe. Pendant ce temps, leur nouveau voisin Vincent Quaid est plus qu'intrigué par leur arrivée. Pas de camion de déménagement, aucune allée et venue avant l'emménagement, il a l'impression que cette famille est arrivée comme par enchantement. Anna, quant à elle, n'est plus la brillante chirurgienne qu'elle était mais infirmière et quant à sa fille Agathe, amoureuse de Geoffroy en 2012, c'est Jean qu'elle rencontre, son... père !

 

Effectuer un tel bond dans le passé présente un inconvénient majeur : celui de passer pour fou en parlant d’évènements ou de choses qui n’existent pas mais cela présente également un avantage non négligeable. Surtout pour Agathe jeune adolescente qui ne voit vraiment pas pour quelles raisons elle ne profiterait pas de l’aubaine en vendant ses talents de ‘prédiseuse d’avenir’. Elle qui a justement prédit la mort de John Lennon devant toute sa classe et qui a  été la risée de tout le monde mais qui, le lendemain, est accueillie comme une héroïne. Elle compte donc bien tirer profit de cette situation.

Quant à Anna, elle ne peut se résoudre à mettre ses compétences de médecin de côté et de se cantonner à son rôle d’infirmière. Elle sauvera des vies grâce à un diagnostic bien établi. Enfin, David essaie de se faire un nom en tant que restaurateur. Lui dont la réputation était bien établie en 2012 et qui doit tout reprendre à zéro. Tous les trois seront donc tentés, à leur manière, d’inverser le cours des choses en voulant avertir certaines personnes de leur tragique destin.

Une expérience qui va, entre autres, changer un homme. Cet homme à qui tout souriait en 2012 et qui va, en connaissant les difficultés financières des débuts, devoir prendre sur lui et réfléchir sur sa vie privée et sur ce qu’il a construit en épousant Anna et qu’il risque de perdre. Une seconde chance lui serait-elle offerte via ce retour dans le passé ? Qu’est-ce qui est le plus important ? Une carrière bien établie ou une vie de famille équilibrée ? Quel choix David Cartier va-t-il faire ? Saisira t-il cette opportunité comme une seconde chance ? 

Une histoire qui n’est pas sans rappeler les célèbres aventures de Marty dans le non moins célèbre : ‘Retour vers le futur’. Lui aussi avait tenté d’améliorer certains évènements ou de les modifier. Mais tout cela n’était pas sans conséquences. Souvenez-vous : il aurait très bien pu disparaître si ses parents ne s’étaient pas réconciliés à temps. Parce qu’il était apparu dans la vie de sa mère qui, jeune fille, était tombée amoureuse de …son propre fils !, n’avait d’yeux que pour lui et regardait à peine son père.

Quant à Vincent Quaid, le voisin des Cartier, il est autant intrigué par eux que David Cartier l’est par lui. Aussi soupçonneux l’un que l’autre. Mais pas pour les mêmes raisons. Enfin, Willy et Pierrot, nos deux rois de la cambriole eux aussi parachutés en 1980, ils continuent à effectuer leurs larcins et répandent la panique dans Timeville. Ce, en toute tranquillité puisqu’ils n’existent pas pour l’état civil !

 

Un roman-comédie. Emouvant, drôle, enlevé. Les teenagers des années 80 s’y retrouveront et se délecteront à la lecture des aventures de cette famille qui se retrouve dans le passé bien malgré elle et à qui il arrive bien des péripéties. Vous vous amuserez même à croiser au détour d'une rue Marty et Casimir !... Et vous retrouverez en souriant tout ce qui a marqué ces années.

Les répliques sont savoureuses. Le personnage de Agathe est particulièrement plaisant. ‘Timeville’ est un roman qui se devrait d’être remboursé par la Sécurité Sociale, étant une antidote parfaite contre la morosité. Dans le même esprit que ceux de Gilles Legardinier, également édités chez Fleuve Noir : ‘Demain j’arrête’ et ‘Complètement cramé’, des romans à offrir en ces périodes de fête. A offrir ou à s’offrir. Ou les deux. Au choix. Mais à lire impérativement. Des moments de bonne humeur et de détente assurés.

 

Derrière le pseudonyme de Tim Sliders se cache un romancier et scénariste célèbre qui a choisi, dans le cas présent, de ne pas écrire sous sa véritable identité. Je le remercie vivement d'avoir pris le temps de répondre à mes questions de façon si complète et détaillée.

 

Tim, qui êtes-vous ?

Bonjour Marine, et merci de m’accueillir sur votre blog.  Je suis né à Los Angeles il y a une bonne quarantaine d’années. Ma mère est française, mon père américain. La France attribuant la nationalité par filiation, j’ai donc la double nationalité, ce qui est à mon avis un avantage considérable dans le monde d’aujourd’hui. En fait, mon père était directeur de casting à Los Angeles, et c’est au cours d’un casting pour une série télévisée qu’il a rencontré ma mère, elle avait un « rêve hollywoodien » et voulait devenir comédienne. Elle n’a pas été retenue pour le rôle, mais mon père a flashé sur elle et ils se sont revus, pour le meilleur.  J’ai fait une bonne partie de mes études au lycée français de Los Angeles, un établissement reconnu par l’Éducation Nationale Française. Ma mère y tenait. C’est ainsi que j’ai obtenu le baccalauréat français. Adolescent, j’ai pris goût à la lecture. Ma mère a joué un rôle capital, en ce sens que je la voyais lire tous les jours. J’ai commencé par lire des romans fantastiques et d’horreur, des œuvres de Graham Masterton, de Dean Koontz, mais aussi de Stephen King. Plus tard, ma mère m’a fait découvrir des auteurs très importants aux Etats-Unis et étudiés dans les écoles, comme Francis Scott Fitzgerald et Walt Whiman, dont j’ai lu plusieurs fois le recueil de poésies « Feuilles d’herbe », devenu un livre de chevet.

Quel est votre trait principal de caractère ?

Je suis lucide sur le monde et les gens, mais pas désespéré. Le monde est désespérant, mais j’ai de l’espoir.  

Qu’est ce qui vous plaît dans l’écriture ?

Pour moi, l’écriture est le plus formidable des moyens d’évasion. Elle permet de créer son monde, ses personnages, de raconter l’histoire que l’on veut, celle que l’on porte en soi, comme on l’entend et sans les contraintes inhérentes aux milieux du cinéma et de l’audiovisuel. Et puis, c’est une forme de thérapie, une façon d’exorciser ses angoisses, ses névroses, ses peurs. Mieux qu’une psychanalyse.  

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ?

Les livres. On ne peut pas écrire sans lire assidûment. J’ai très vite été fasciné par la capacité – le don, pourrait-on dire – de certains à jouer avec les mots, à les assembler, à leur donner une force, une poésie et une intensité telles qu’ils transmettent toute la gamme des émotions : joie, peur, haine, amour… 

Comment écrivez-vous ? 

Assis à mon bureau, volets fermés afin de ne rien laisser me déconcentrer. C’est beaucoup d’enfermement – corporel et mental - et de solitude – à force d’être avec soi-même, on a parfois l’impression de devenir dingue !  - mais ça en vaut la peine. Au final, on a voyagé, on a rêvé, on a tremblé. Quelque part, on a transcendé sa condition, via les mots, via l’histoire. C’est une sensation d’une puissance incroyable, inégalable en ce qui me concerne. 

Avez-vous des moments privilégiés dans la journée ?

En général, le matin, je réfléchis, j’ordonne dans mon esprit les éléments du chapitre que je suis en train d’écrire. L’après-midi, j’écris, pendant quatre, cinq ou six heures d’affilée, cela dépend de mon inspiration et de ma forme. Il m’arrive de relire le tout le soir et de corriger, d’ajuster, d’émonder, d’améliorer. La nuit, tout est tellement calme, c’est une valeur ajoutée. 

Pouvez-vous me citer 3 qualités et défauts ?

Quand il s’agit de se juger soi-même, ce n’est jamais simple… Côté qualités, je dirais que je suis passionné, bûcheur et persévérant. Il faut les trois pour s’imposer dans les milieux artistiques ou rien n’est immuable, où tout est imprévisible et aléatoire. Côté défauts, j’ai tendance à être impatient, il faut que les choses se fassent et qu’elles aillent vite. Il m’arrive parfois de dire ce que je pense, trop peut-être, car s’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que certaines personnes se détournent de vous lorsque vous leur dites une vérité. C’est dans la nature humaine. Pour finir, je suis souvent dans la lune, du coup je ne vois pas les gens et j’oublie de les saluer. Certains se vexent.  

Quel est votre loisir principal ?

La lecture, visionner des films et des séries, surtout celles des chaînes câblées anglaises et américaines, véritablement novatrices. Elles sortent des sentiers battus et explorent des territoires nouveaux, parfois extrêmes mais tellement intelligents et jubilatoires. Aujourd’hui, je ne peux plus me contenter, artistiquement et intellectuellement parlant, de séries comme « Le mentaliste » ou « Castle ». 

Ce que vous détestez par-dessus tout chez un homme ? 

La bêtise, la méchanceté, la suffisance, l’arrogance. 

Et chez une femme ?

La mauvaise foi, la jalousie – les femmes entre elles peuvent être redoutables.  

La même question mais avec « ce que vous préférez »…

Les femmes sont plus fonceuses que les hommes, que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans les affaires. Elles s’écoutent moins, elles ne se plaignent pas, elles ne se trouvent pas des maux et des maladies, contrairement aux hommes qui peuvent être de petites natures. La plupart sont terrifiés à la simple idée de l’accouchement. D’une manière générale, même si je suis lucide, je veux croire en la capacité de l’homme à être bon, car il l’est fondamentalement. C’est ce qui l’entoure qui le corrompt, le pervertit et le fait parfois basculer du côté obscur de la Force.  

Quelle est votre devise ?

L’échec est l’antichambre du succès. Quand on croit à quelque chose, il ne faut pas lâcher, encaisser les coups et se relever. Encore et toujours. 

Un livre en écriture ?

En effet, un roman qui ne sera pas une comédie.  Et puis mon éditeur et moi-même envisageons de donner une suite à Timeville.  

Où trouvez-vous votre inspiration ? 

Dans la vie de tous les jours, dans les livres, dans les films, les séries, dans les rencontres… Un artiste doit vivre et se nourrir de ce qui l’entoure. Une simple conversation avec un ami peut déclencher le processus de création. 

Et qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire un roman sur ce sujet ?

Depuis que je suis gosse, j’adore les histoires de voyage dans le temps. Je ne manquais jamais un épisode de la série The time tunnel (Au cœur du temps). Pour en revenir à Timeville, ce qui m’intéressait surtout, c’était le comportement des personnages, leurs réactions après avoir été transférés dans une autre époque. Que ferions-nous à leur place ? 

Pouvez-vous me parler de vos œuvres précédentes ?

J’ai écrit plusieurs livres et scénarios, pour le cinéma et la télévision, dans un genre totalement différent. Timeville est ma première comédie. L’expérience fut si plaisante que je compte y revenir, plus vite que prévu. 

 Quel est votre rêve le plus cher ?

 Que l’humanité apprenne de ses erreurs pour ne plus les reproduire. Que nous apprenions à vivre ensemble et non les uns contre les autres. Mais ce n’est qu’un rêve. 

 

 

                                      

                              
Enfin, un dernier point avant d'achever cette chronique : bravo aux Editions Fleuve Noir pour le choix de leurs couvertures toujours très attrayantes et particulièrement réussies.

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Editions Fleuve Noir

380 pages

19,50 € 

 

'Timeville' Tim Sliders
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'Timeville' Tim Sliders
'Timeville' Tim Sliders
'Timeville' Tim Sliders
'Timeville' Tim Sliders
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'Timeville' Tim Sliders
Commenter cet article
S
Ouais.... Bof...<br /> Sympa les histoires du genre &quot;si c'était à refaire&quot; ou &quot;deuxième chance&quot;...du fantastique léger...<br /> Mais où il est l'assassin?<br /> A mettre plutôt dans le genre &quot;Harlequin...Pas la bonne rubrique...<br /> <br /> Désolé..<br /> Superapi
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M
Timeville n'est effectivement pas un roman policier et a été présenté comme tel lors de la chronique (quelques romans de littérature blanche sont aussi chroniqués ici) (histoire de changer un peu).<br /> <br /> J'ai personnellement trouvé qu'il s'agit là d'une bonne comédie divertissante et sympa. Mais effectivement pas de la grande littérature. Je pense que l'auteur s'est amusé en écrivant cette histoire. On ne sait pas qui il est réellement mais il semblerait qu'il soit très connu dans un autre domaine. Peut être le polar ?...<br /> <br /> Enfin, pas de souci, il n'y pas de quoi être désolé. Tout le monde a ses avis et nous n'aimons pas tous la même chose. Fort heureusement. Le monde serait trop triste dans le cas contraire !<br /> <br /> A bientôt

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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.