29 Dec

"Tout pour plaire" Ingrid Desjours

Publié par Les Polars de Marine

Mariée à David qui semble être le mari parfait, Déborah Pennac a tout pour être heureuse. Doté d’un physique avantageux et d’un charisme extraordinaire, cet homme est un meneur, un battant et fait tout pour être aimé, voire adulé.

Un couple qui semble donc idéal et qui vit tranquillement son quotidien.

Mais un couple qui attire les convoitises et qui fait « jaser ». Car quand tout semble parfait, souvent, les langues se délient et les colportages ainsi que les rumeurs vont bon train.

Les voisins de Déborah et David sont persuadés qu’ils cachent tous les deux quelque chose et que leur bonheur ne peut être aussi idyllique qu’il y paraît.

Fredericka Migneault, la meilleure amie de Déborah a des doutes. Elle est persuadée que David est un pervers narcissique. Elle le soupçonne même de maltraiter son épouse, de la terroriser, d’en faire son « jouet », de la manipuler, de la façonner et de la modeler à sa guise. Elle est persuadée que Deborah est sous son emprise et que sa personnalité s’efface complètement.

Déborah agite doucement une main et sourit à sa voisine, persuadée qu’elle a su trouver les mots justes pour la convaincre, puis elle se retranche dans sa maison parfaite en attendant son mari parfait. Ce qu’elle ignore, c’est que par-delà la façade flatteuse et l’apparente robustesse de la construction, les fondations s’effritent, en proie à un mal dévorant. Elle a beau se persuader qu’elle maîtrise parfaitement son environnement et que les choses iront immanquablement dans le sens qu’elle désire, le ver sera bientôt dans le fruit et le dévorera jusqu’au trognon.
Oui, Déborah Pennac est loin d’imaginer que d’ici quelques semaines, tout ce qu’elle tenait pour acquis va s’écrouler et qu’elle aura bientôt perdu sa beauté, tous ses espoirs, peut-être même sa vie.

Effectivement, quand Nicolas, le frère de David, fait irruption dans la vie du couple, tout ira de mal en pis. Nicolas est accompagné de sa petite fille de quatre ans : Emma et est très inquiet de la disparition de sa compagne : Laura.

Les deux frères ne s'étant pas revus depuis huit ans, David est loin d'accueillir Nicolas les bras ouverts. C'est donc d'un très mauvais oeil que David l'héberge et quand, de surcroît, Nicolas use de son pouvoir de séduction et sème le trouble chez Déborah, les relations vont se tendre jusqu’à l’extrême. Le couple se fissure et la réalité fera alors surface.

Contrôle des événements, maîtrise de soi, force de caractère. David inspire un grand coup et se prépare à affronter l’intrus. Il va le raccompagner gentiment jusqu’à la sortie et le faire déguerpir de chez lui, de sa vie. Tout sera à nouveau sous contrôle d’ici quelques minutes.
Or il a beau se convaincre qu’il maîtrise parfaitement son environnement et que les choses iront immanquablement dans le sens qu’il désire, il sera bientôt forcé de constater qu’on ne chasse pas si facilement les ombres du passé. Oui, David Pennac est encore loin d’imaginer que, d’ici à quelques semaines, tout ce qu’il tenait pour acquis va s’écrouler et qu’il aura perdu sa superbe, et tout contrôle, parce qu’à trop ignorer ses démons, on finit par échouer en enfer…

Parallèlement, le commandant Sacha Mendel vient de se voir retirer une affaire sur laquelle il enquêtait depuis 8 mois - celle de Shano, un dealer qu’il essayait de confondre - son supérieur l'ayant estimée trop risquée.

Lui est alors confiée l'enquête de la disparition de Laura.

Mais Sacha Mendel est un flic bien particulier...

Nicolas est reparti en sifflotant sur son scooter, convaincu que les choses se déroulent tel qu’il le désire. Il pense que tout est désormais en place, le reste ne peut que suivre de façon logique, jusqu’à l’obtention de ce qu’il est venu chercher. Toutes les graines sont semées, il n’y a plus qu’à les arroser… Mais il est loin de se douter à quel point il est tombé sur un policier scrupuleux et combien il avait raison en le traitant de psychopathe.

Les personnages et la trame de l'intrigue étant en place, le doute peut s'installer. Il appartiendra alors au lecteur de découvrir pas à pas les failles et les secrets des protagonistes. Un par un.

L’ambiance est assez particulière : un sentiment d’oppression, un huis clos où tous les protagonistes occupent une place bien particulière.

Dans ce roman psychologique, Ingrid Desjours ne laisse rien au hasard. Elle travaille ses personnages, les décortique et entame un jeu de rôles.

Tour à tour, l’on éprouvera de l’antipathie ou de la sympathie pour les protagonistes selon les situations, les rôles s’inversant régulièrement. Le lecteur sera en proie au doute permanent et n’aura de cesse de se demander qui est manipulé et qui manipule qui ; chaque personnage ayant ses zones d’ombres et ses secrets.

« Tout pour plaire » est un thriller diaboliquement machiavélique et très bien mené. Ingrid Desjours n’a pas son pareil pour tromper le lecteur, semer le doute et jouer avec ses personnages tels des pions sur un échiquier.

Le seul reproche que je puisse formuler est le manque d’accroche du début du récit dû à une narration trop lente et surtout trop longue. Quelques coupes dans le début du roman auraient permis de mieux maintenir l’attention du lecteur.

Mais une fois ces premières pages passées, l'on ne peut que saluer le talent de l'auteure dans l'art de brouiller les pistes, de semer le doute et de permettre au lecteur d'échafauder des hypothèses.

Et peut-être parviendrez vous à dénouer les fils de cette immense toile d'araignée grâce à quelques indices très habilement dissimulés tout au long de ce récit.

Ou pas...

Editions Robert Laffont

21,50 €

525 pages