"Les visages" de Jesse Kellerman
Impossible de chroniquer "Les visages" sans se pencher sur la définition du thriller et celle du roman policier. En ce qui me concerne, je lis indifféremment les deux et j'aime varier les plaisirs.
Mais j'apprécie de savoir ce que j'achète afin de lire en connaissance de cause. Et rien ne m'agace plus qu'une étiquette mal apposée. Ce n'est pas la première fois que j'achète un roman publié par Sonatine où l'on définit l'ouvrage comme un thriller alors qu'il ne l'est aucunement. Mais ce qui m'inquiète vraiment est que sur la couverture de ce roman, on peut y lire : "Elu meilleur thriller de l'année par le New York Times". Ou encore : "Une écriture remarquable, une tension maximale, un roman obsédant. Le meilleur thriller de l'année" par the Guardian. Cela signifierait-il que nos voisins Américains et Anglais ne savent, eux non plus, pas faire la différence entre les deux ? Je vais finir par le croire.
Si je reprends la définition du roman policier (appelé familièrement "polar"), on le présente comme "un genre de roman, dont la trame est constituée sur l'attention d'une intrigue, et une recherche méthodique de preuves, le plus souvent par une enquête policière. Le roman policier recouvre beaucoup de types de romans, notamment le roman noir, le roman de suspense et le thriller". Dans le roman policier, l'enquête suit son cours. Ce n'est pas le genre de livre que l'on achète si l'on veut être pris dans l'engrenage de l'histoire, qui se doit d'être à rebondissements et qui doit vous faire "frissonner" ou qui se doit d'être "haletante", un mot que l'on retrouve souvent chez les amateurs de thrillers.
"Les visages" n'a rien d'un roman à rebondissements, ni d'une histoire "haletante" (j'utilise ce mot car il définit le mieux le thriller, mais je ne l'affectionne pas particulièrement).
Si vous êtes à la recherche de sensations fortes, si vous voulez passer des heures entières à lire un livre que vous aurez bien du mal à quitter une fois que vous l'aurez commencé, je vous conseille vivement de passer votre chemin.
A vrai dire, je reste persuadée que les thrillers plaisent bien davantage au public que les romans policiers ou encore que les romans noirs. Et coller cette étiquette de thriller un peu partout est bien plus accrocheuse et vendeuse (quel dommage que tout ne soit alors qu'une question de vente).
Toutefois, si vous voulez lire un bon roman policier, bien écrit, et que vous voulez plonger dans l'univers New Yorkais des marchands de tableau, "Les visages" pourront vous plaire.
Le jour où Ethan Muller, propriétaire d'une galerie, trouve une série de dessins d'une qualité exceptionnelle, il sait qu'il va pouvoir rejoindre les plus grands marchands d'art. Il s'avère que Victor Cracke, leur auteur, a disparu, après avoir vécu quarante ans à New York dans un appartement miteux. Et dès que Ethan les accroche dans sa galerie, tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit là d'un travail de génie.
Mais le jour où un flic à la retraite reconnaît des visages d'enfants victimes d'un tueur en série ayant sévi quelques années auparavant, la mécanique se dérègle. C'est alors qu'Ethan décide de mener l'enquête, une enquête qui va bientôt tourner à l'obsession.
L'histoire est bien pensée, le roman bien écrit. Mais quand je lis, une fois de plus sur la 4 de couv : "C'est le début d'une spirale infernale à l'intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers", je suis de nouveau plus que sceptique. Car la fin est, à mon sens, plus que décevante.
Probablement parce que j'ai lu ce roman en pensant, justement, que c'était un thriller, et je m'attendais toujours à ce fameux "coup de théâtre" qui fait que j'aurais pu y croire et revoir ma position, ne serait ce qu'un instant. Mais ce n'est pas le cas !
Toutefois, si la critique ne s'était pas accordée à définir ce roman comme un thriller, je l'aurai probablement abordé dans un autre état d'esprit et plus apprécié.
D'où l'intérêt de ne pas tromper le lecteur ...
Jesse Kellerman vient de publier "Jusqu'à la folie" aux Editions des Deux Terres.
Peut-être s'agit-il vraiment d'un thriller cette fois ?
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