"Le cirque s'invite au 36" Emmanuel Varle
Un vieil homme trouve sur le pas de sa porte un programme de cirque datant de 1972.
Assis dans son fauteuil, il se remit à gamberger : qui avait décidé de s’inviter ainsi, dans sa vie, après tant d’années ? Que voulait dire cette mascarade ? Pourquoi avait-on entouré sa silhouette en rouge, rouge, la couleur du sang ? Il n’était pas si bigleux, il se serait trouvé quand même, certes il était diminué mais il y voyait encore.
René Bozzini, né le 3 juillet 1928 à Marseille dit Jo, le dingue, le Sarde et la fouine sera abattu de sang froid dans la rue.
Un père et son fils partis pêcher à l’aube découvrent un cadavre. Un corps méconnaissable. La police parviendra toutefois rapidement à l’identifier : André Récamier, né en 1957, ancien repris de justice.
La victime pouvait être qualifiée de vieux cheval de retour en langage policier : 56 ans, dont 20 en prison, pour toutes sortes de délits : cambriolages, racket, vols en bande organisée, association de malfaiteurs, recel, tentative d’homicide, port d’arme prohibé…
Troisième homicide : le propriétaire d'un petit cirque.
- Eh, t’es qui toi ? La forme s’avança sans répondre. Koffer put distinguer un visage de haine rendu encore plus inquiétant par le faible éclairage dévoilant ses traits. Une arme brillait dans ces mains venues pour tuer, reflets du métal dans cette petite lumière de nuit. Deux coups de feu partirent presque instantanément. Le gitan sentit une douleur énorme dans la poitrine. La balle avait évité le crucifix et pénétré le poumon droit. Un second projectile l’atteignit entre les deux yeux achevant simultanément sa vie de circassien, son spleen du moment et cette intense souffrance physique. Son corps se raidit et chuta lourdement sur le sol. Le bruit des détonations fit vite sortir le camp de sa torpeur.
Premier point commun à ces trois meurtres : une petite figurine lion retrouvée près des trois corps.
Second point commun : l'arme ayant servi est identique.
Le commissaire divisionnaire Alexandre Mingus et son équipe vont éprouver bien des difficultés à identifier le coupable et c’est une bien longue enquête qui se prépare. Une enquête intéressante, dans le sens où l’immersion dans le monde du cirque est totale. Un monde qui a connu ses heures de gloire, mais qui a tendance à tomber dans l’oubli au profit des parcs d’attraction, de la télévision ou du cinéma.
Dans ce récit, l’auteur pointe du doigt les difficultés que rencontrent aujourd’hui les propriétaires de cirques et dénonce les conditions de vie des animaux utilisés pour le spectacle. En cela, le thème choisi soulève une problématique intéressante. Mais malheureusement, l’accent est beaucoup trop mis sur la défense de la cause animale et ce, au détriment de l’intrigue.
Quant au style, il est plaisant mais l’auteur a une tendance trop importante à « abuser » des descriptions. Quant aux phrases, elles auraient gagné à être raccourcies, permettant ainsi au lecteur de « reprendre son souffle ».
Enfin, le suspens n’est pas assez prononcé pour être recommandé comme un roman policier mais plutôt comme ce que l’on a pour usage de définir comme un « roman d’ambiance ».
Collection Crimes et châtiments / Poche
13 €
354 pages