"Un parfum de soufre" Sylvain Forge
Quand Marcela accourut pour donner l’alerte, Gisèle mit un certain temps à réagir. Cette histoire était absurde. Toutes les chambres étaient dotées d’un détecteur d’incendie et l’installation des Agapanthes, moderne et bien équipée, avait fait l’objet d’ne visite récente de la commission d’hygiène et de sécurité. Tout fonctionnait à merveille. S’il y avait eu le feu dans la piaule, le mécanisme aurait carillonné depuis belle lurette. Gisèle attrapa son passe et suivit l’employée en traînant des pieds. Dès son arrivée dans le couloir, elle fronça les sourcils. Cette odeur…
Gisèle introduisit la clef dans la serrure et poussa la porte.
Elle appuya sur l’interrupteur et ce qu’elle vit viendrait la hanter bien des années plus tard. Sur le lit, face à l’entrée, quelque chose d’indéfinissable se tenait là. Elle pensa d’abord à une épaisse couche de mycènes. C’était noir et poreux. En s’approchant, elle comprit que ça ne pouvait être que les restes de la vieille dame qui occupait la chambre.
Le cadavre n’était plus qu’un tas de cendres.
Plus dérangeant encore, tout l’environnement du matelas semblait intact.
Gisèle se rua vers un téléphone et composa le 18.
Quand le sapeur-pompier lui demanda ce qui s’était passé, elle ne put souffler qu’une chose. Elle la répétait en boucle.
Une patiente était morte dans son lit : elle avait brûlé toute seule.
[…]
L’affaire n’est pas banale, c’est le moins que l’on puisse dire. La recherche dans la piaule n’a rien donné : la victime ne fumait pas, aucune présence de briquet ni d’allumettes. Les connexions électriques et les luminaires fonctionnaient normalement. Mais ce n’est pas tout. Selon les employées qui ont découvert le corps, la chambre était fermée de l’intérieur.
Une enquête confiée à Isabelle Mayet - capitaine de brigade criminelle et d’autant plus impliquée que sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, réside dans cette maison de retraite – et au lieutenant Bruno Farge, équipier à la P.J.
Ce n’est pas une banale histoire de meurtre que nous propose l’auteur mais une enquête qui va lentement se tourner vers la pratique des rites, les réseaux de prostitution et les trafics de drogue.
Isabelle Mayet et Bruno Farge sont deux personnages récurrents de l’auteur, déjà rencontrés dans l’enquête « La trace du silure » où j’avais regretté la linéarité de l’intrigue, en totale opposition avec « Le vallon des Parques » qui, au contraire, s'avérait trop complexe.
Dans le cas présent, « Un parfum de soufre » est un juste milieu. Ni trop noueuse, ni trop simple, l’intrigue est intéressante et bien travaillée. Les différentes pistes donnent du corps au récit et les personnages sont attachants.
L’auteur laisse beaucoup plus planer le doute quant à l’identité du meurtrier et quelques rebondissements donnent du corps à ce roman. Des défauts regrettés dans "La trace du silure" et totalement gommés ici.
Quant aux chapitres courts, ils donnent du rythme au récit et la plume est d’une incroyable fluidité.
Par contre, je n'apposerais pas l'étiquette de thriller sur ce roman mais plutôt de roman policier.
Editions du Toucan Noir
9,90 euros
Poche - 393 pages
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