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Férue de littérature policière, mes goûts sont très éclectiques : romans noirs, romans à suspense, thrillers, thrillers psychologiques ou polars. Face à la profusion d'ouvrages de littérature policière, il est parfois bien difficile de faire son choix. Je vous donne donc mon avis quant à mes lectures.

20 Jun

'Interrogatoire' de Thomas H. Cook

Publié par lespolarsdemarine  - Catégories :  #Critiques

interrogatoire.jpgQuand il s'agit de parler d'un roman, je ne peux, bien sûr, qu'accepter avec plaisir la demande d'un ami qui l'a chroniqué. D'autant plus que cette chronique est excellente !

Je vous présente donc la critique de 'Interrogatoire' de Thomas H. Cook rédigée par un blogueur qui a eu envie de faire partager au maximum son enthousiasme pour cet ouvrage sur d'autres blogs que le sien.

Thomas Cook, je ne l'ai pas encore lu mais très souvent entendu parler. Les Feuilles Mortes m'attendent d'ailleurs sur les rayonnages de ma bibliothèque, sur les conseils de Pierre Faverolle (blog Black Novel).

lecture

Je vous invite, vous aussi, si vous souhaitez faire partager vos lectures, à me contacter.  Je publierai alors votre chronique dans un 'cercle de lectures'.

 

 

 

Après Les feuilles mortes, Interrogatoire est le deuxième roman que j’ai lu de cet immense auteur.

 

L’un comme l’autre sont des incontournables. Je vous mets en garde : ce n’est pas un sourire béat qui vous barrera le visage quand vous refermerez ces écrins. Le visage, vous l’aurez plutôt en forme de point d’interrogation, la bouche en O; votre entourage risque de vous demander si vous allez bien.

 

1952. Albert Jay Smalls, un vagabond est interpellé près d’un terrain vague où est retrouvé le corps d’une fillette de huit ans. Je précise que notre vagabond vit dans un tunnel cylindrique en béton. Il voit et sait tout ce qui se passe alentours.

 

Les inspecteurs Jack Pierce et Norman Cohen sont chargés de l’interrogatoire.

Tous deux convaincus de la culpabilité de « Jay », ils n’ont aucune preuve et ont douze heures, pas une minute de plus, pour faire craquer leur « client ». Faute de quoi, la loi les y oblige, ils seront contraints de relâcher leur suspect.

 

Cette affaire touche les deux policiers au plus profond d’eux-mêmes.

Jack Pierce a perdu sa fille, assassinée par un sadique que la police n’a jamais arrêté ; ou plutôt, il y a bien eu arrestation d’un suspect mais la police n’a jamais pu rassembler les preuves de la culpabilité de cet homme qui est ressorti libre comme l’air.

Norman Cohen, lui, a été marqué au fer rouge par ce qu’il a vu en 1945, lorsqu’il a participé à la libération des camps nazis.

 

L’homme aime avoir des certitudes, savoir ce qui est bien ou mal, qui fait le bien, qui fait le mal. Cette frontière est rassurante, elle permet de vivre sa vie en étant du bon côté. Tout ce qui nous rapproche de cette frontière, là où les extrêmes se touchent, se heurtent, s’affrontent nous plonge dans le malaise, le mal-être.

 

Si l’on vous dérobe votre portefeuille, vous préférez pouvoir affirmer « c’est lui » que dire « c’est peut-être lui ». Dire « c’est lui » clôt presque instantanément l’incident, vous pouvez classer l’auteur du larcin dans la colonne du mal. Par contre, « c’est peut-être lui » ouvre la porte des suppositions, du doute, de l’incertitude. C’est extrêmement dérangeant, pas de quiétude possible, sérénité envolée.

 

Thomas H. Cook nous plonge avec génie dans le registre de l’ambiguïté. Le bien et le mal cohabitent, flirtent, il n’y a pas de frontière. On passe de l’un à l’autre au gré de nos convictions de l’instant, convictions balayées l’instant d’après.

On se sent très mal. A quoi nous raccrocher ?

 

Je vous pose une question : avez-vous jamais grimpé un escalier en béton d’un immeuble en construction dont la rampe n’a pas encore été placée ? La terreur s’installe au fur et à mesure que vous gravissez les marches inégales, vous longez les murs qui n’offrent aucune prise, vous ne pouvez vous empêcher de jeter un regard d’effroi vers le vide, vos jambes n’ont plus l’assurance du début, vous êtes tentés de poser vos mains sur la marche devant vous et puis vous le faites, carrément. Vous songez à vous asseoir un instant, c’est encore pire ! Vous avez la bouche sèche, vos muscles sont tétanisés, sueurs froides. Poursuivre l’ascension ou redescendre marche après marche sur votre postérieur ? Vous n’êtes plus capables ni de l’un ni de l’autre.

 

En revanche, vous n’auriez probablement aucune difficulté à monter ce même escalier équipé d’une main courante ou d’un garde corps en bois, provisoire et nullement garant d’une chute mortelle. C’est cela, l’ambiguïté, ce garde-corps symbolique dont seule la vue vous rassure mais qui, en réalité, ne vous protège de rien.

 

Pierce et Cohen vont commencer à interroger Albert Jay Smalls ensemble. Mais Jay n’est pas du genre causeur. En langage policier, on dit le soi-disant Albert Jay Smalls; en effet, on ne sait rien de sa véritable identité ni de l’endroit d’où il vient, âge approximatif : 25-30 ans.

Au hasard de l’interrogatoire, en réponse à une question de Cohen, Jay lâche que sa mère l’emmenait tous les jours sur la grande roue quand il était gosse.

Cohen en déduit en déduit que cette grande roue devait être installée en permanence. Or, la seule grande roue permanente dans la région était située à Seaview. Et Jay a l’accent du coin.

Pierce, après un échange verbal un peu rude avec Cohen, va partir à la recherche du passé de Jay ; l’interrogatoire a commencé à 19h17. A 21h37, Cohen se retrouve seul aux commandes et ce jusqu’à 06h le lendemain matin.

 

Thomas H. Cook est un virtuose. Son récit est remarquablement balancé autour des scènes d’interrogatoire de Jay et les recherches de Pierce à Seaview…qui vont l’emmener ailleurs.

 

Au gré des réponses vagues et laconiques de Jay, l’auteur nous plonge dans le parc où la fillette a été retrouvée. Jay dit beaucoup de « conneries », du genre, « il y avait un autre homme… ». Tout ce qu’il lâche sera minutieusement vérifié.

Le parc et la plaine de jeu n’auront plus de secret pour vous.

Vous découvrirez d’autres lieux et d’autres protagonistes ; moi, je descends ici mais avant, je ne peux m’empêcher de vous dire que le final de cette petite perle est tout bonnement époustouflant. Que du bonheur !

 

 

Interrogatoire

Thomas H. Cook

Le livre de Poche

317 pages  

Commenter cet article
V
Je suis en train de le lire. J'arrive vers la fin, et ne peux qu'être d'accord avec toi: un vrai virtuose du genre que ce Monsieur Cook.
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L
<br /> <br /> Je pense que Jean sera d'accord avec toi Vincent ! Quant à moi je ne l'ai encore jamais lu.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Ce n'est pas sûr car je ne l'ai pas encore acheté,comme tu le sais j'ai beaucoup de retard et pour mon anniversaire j'ai reçu en cadeaux 6 livres et un bon de 50 euro pour acheter chez France<br /> Loisirs ,et maintenant j'atteins les plus de 150 livres en retard ,je ne lis pas aussi vite que toi ,car j'ai des autres passions qui me prennent beaucoup de temps ;))Je n'ai pas encore lu celui<br /> que tu m'as envoyé ,c'est dire.....
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L
<br /> <br /> 150 ??? Oh ! et moi qui me plains avec les 50 qui m'attendent... Donc effectivement, il y a du 'travail' <br /> <br /> <br /> <br />
J
Jamais lu non plus mais celui-ci me donne envie ,surtout que l'on peut le trouver en poche,je vais encore me laisser tenter ;)
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L
<br /> <br />  Tu le découvriras donc avant moi. Bonne lecture Janine !<br /> <br /> <br /> <br />

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